Suspension de l’Asspro du Kongo central : l’argent de Mbadu prime sur la loi

Depuis vendredi 06 avril, les plénières sont suspendues à l’Assemblée provinciale du Kongo central sur ordre du Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur et sécurité, Henri Mova Sakani. L’ancien SG du PPRD s’inscrit aussi dans la logique de violation de la Constitution entreprise par ses prédécesseurs.

En effet, c’est depuis Richard Muyej, en passant par Evariste Boshab et Emmanuel Ramazani Shadary que l’on demande sur base de quelle disposition constitutionnelle, tous ces ministres PPRD tirent-ils le pouvoir de s’immiscer dans les affaires des Assemblées provinciales jusqu’à suspendre leurs activités ?  Aucune, alors aucune. La seule et unique personne constitutionnellement investie du pouvoir de sanctionner par dissolution une assemblée provinciale, c’est le président de la république. Mais alors ce pouvoir est assorti d’une conditionnalité : il ne peut agir que lorsqu’il y a une crise persistante. Et même avant de prendre sa décision de dissoudre une assemblée provinciale en crise persistante, le président de la République doit consulter les deux présidents du parlement.

La récurrence de la caporalisation des parlements provinciaux par les ministres de l’intérieur PPRD inquiète et énerve la Constitution de la République. Si pour son prédécesseur direct, Emmanuel Ramazani Shadary, la double suspension des plénières dans les assemblées du Kasaï et du Tanganyika se justifiait (Ndlr : bien qu’inconstitutionnelle) par des supposées bagarres entre députés provinciaux eux-mêmes ; comportement jugé très indigne pour les « honorables », pour celle du Kongo central, la raison d’attente des résultats d’enquête avancée par le VPM Henri Mova Sakani ne tient pas débout. Il n’y a eu aucun tiraillement entre les députés provinciaux, aucun malentendu. Par contre, le parlement provincial a été attaqué de l’extérieur par un groupe de délinquants et voyous arborant des T-shirts du PPRD et conduits par un certain Papy Levi. Les images fixes comme mouvantes en font foi. Papy Levi est connu dans tout Matadi comme l’homme à tout faire du gouverneur Jacques Mbadu. Ce n’est pas pour la fois qu’il est chargé par l’autorité provinciale du Kongo central d’une mission d’expédition punitive. C’est lui qui règle les comptes aux détracteurs de son « patron » dans les médias.  Son patron l’aurait exfiltré pour échapper au jugement du tribunal qui a déjà condamné certains de ses acolytes à des peines lourdes. De quels résultats d’enquête le VPM Henri Mova Sakani parle-t-il ou s’attend-il ? Les auteurs de l’attaque de l’Assemblée provinciale du Kongo central le 30 mars dernier qui a causé beaucoup de dégâts matériels et le commanditaire étant bien identifiés, c’est paradoxal que l’Asspro pourtant victime soit sanctionnée ! A moins que l’ex-SG du PPRD soit dans la logique de venger l’un de ces jeunes de son parti auteurs de l’attaque de l’Asspro du Kongo central dont l’un a été tué par la population et d’autres condamnés par la justice. Ce qui n’est pas évident, estiment certains leaders du Kongo central qui n’y voient aucun intérêt pécuniaire du VPM.

D’après nos sources, la suspension des plénières à l’Asspro du Kongo central est intervenue sur demande du gouverneur de cette province qui l’aurait financée avec une enveloppe consistante des billets verts auprès du VPM. L’objectif de cette suspension est de mettre les députés provinciaux hors circuit du contrôle de la gestion financière de la province et parvenir ainsi à se constituer un matelas financier pour les élections prochaines. Le VPM qui ne voit seulement que huit mois de pouvoir devant lui, voudrait aussi en profiter. Ce duo ainsi constitué, s’inscrit dans la logique de « je mange, tu manges » en faisant de cette province leur vache à lait, leur poule pondeuse ou encore leur plate-bande à choux gras. Et le Kongo central étant la province qui rivalise l’ex-Katanga en termes de mobilisation des recettes, y laisser Jacques Mbadu seul maître pendant toute la période que prendra la fameuse enquête, n’a qu’une seule conséquence : la prédation.

Ce qui inquiète plus d’un observateur, c’est l’attitude silencieuse du président de la république, garant de la Nation, censé réguler le bon fonctionnement des  institutions de la République. Complicité ou désintéressement ? A chacun sa conclusion.

Agnelo Agnade.

 

  • Bendélé Ekweya té

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