Le PGR interpellé : au-delà de l’emprisonnement d’Eliezer Ntambwe, l’ouverture d’une information judiciaire s’impose sur l’affaire du diamant de 35 carats

La notion de diffamation ou imputation dommageable dont on reproche au journaliste Eliezer Ntambwe et qui l’a conduit à la Prison de Makala dans l’affaire qui l’oppose au gouverneur du Kasaï Oriental, divise toujours les professionnels des médias avec à leur tête l’ONG Journaliste en danger (JED) aux pénalistes. D’après le Droit, que le fait dénoncé par le journaliste soit vrai ou faux, il suffit que la personne incriminée s’est plaigne auprès du magistrat que son honneur mis sur la place publique est souillé, pour voir le journaliste mis au frais. « L’animus nocandi » à savoir : l’intention de nuire qui est le quatrième élément constitutif d’une infraction de diffamation et laissé à l’appréciation du juge, a été toujours en défaveur des journalistes dans les cours et tribunaux de la RDC quelque soit la véracité du fait allégué. Qu’à cela ne tienne, le dossier du diamant qu’aurait ravi par le gouverneur  Ngoyi Kasanji  (Ndlr : mais d’après les investigations de scooprdc.net, le vrai ravisseur serait le gouverneur du Sankuru, Berthold Olongo. Ngoyi Kasanji n’est qu’un acheteur receleur) et qui a conduit le confrère Eliezer Ntambwe en prison, doit attirer l’attention du Procureur Général de la République. Il n’y a pas de fumée sans feu, dit-on. Car cette affaire n’a pas été dénoncée que par le micro d’Eliezer Ntambwe, d’autres médias sérieux en ont aussi parlé.

Parmi les indices qui puissent aider le PGR dans son information judiciaire, il y a la famille du propriétaire de la pierre précieuse, mais aussi cette révélation faite le 13 mars dernier par le média flamand belge Canalz sur la vente d’un diamant de 35 carats à Anvers à 40 millions d’euros (Ndlr : bien que les experts et connaisseurs de diamant rejettent catégoriquement ce prix pour un diamant de 35 carats et avancent le prix maximal pour ce genre de pierre même de première qualité à 500 mille USD) et dont le pays d’origine serait la RDC. Simple coïncidence ou concours des circonstances ? Comme la ville d’Anvers n’est pas au ciel et que tous ses comptoirs de diamant sont connus, mais également que le média flamand belge qui l’a diffusé pourra fournir assez d’éléments, voilà des pistes à explorer par le PGR pour soit incriminer, soit laver le gouverneur du Kasaï oriental mis en cause surtout que ce dernier a une mauvaise réputation en matière de transaction de diamant. Non sans raison, l’ONG des droits de l’homme la Voix de Sans Voix (VSV) a pas plus tard qu’hier, organisé une tribune pour faire entendre la voix des creuseurs Samuel Ntumba Batatabu et Jean Tshisumena Batatabu du village Bakwa Ngoyi dans le territoire de Dimbelenge, au Kasaï central, qui se disent victimes d’extorsion de leur diamant de 1000 carats par le même gouverneur Alphonse Ngoyi Kasanji, incriminé. Cette affaire daterait d’octobre 2015.

Ce n’est pas tout, une autre affaire qui pèserait sur le président du club footballistique Sa Majesté Nsanga Balende, c’est celle de l’exploitation illégale du diamant avec des dragues dans le périmètre et réserves de la Minière de Bakwanga (MIBA). En effet, dans un mémorandum adressé en octobre 2015 au Président de la république, Joseph Kabila, les représentants des clans et sous clans de cinq territoires et de la ville de Mbuji-Mayi en province du Kasaï oriental dénonçaient et protestaient contre le plan de mise en faillite et liquidation de la MIBA. Ils ont indexé Alphonse Ngoyi Kasanji comme dirigeant d’un lobbying œuvrant pour la montée en puissance de l’exploitation clandestine du diamant MIBA. Cette exploitation clandestine avec des moyens importants semi-industriels, serait l’œuvre de la société SOGEWYCZ où le gouverneur est associé à 40% des parts sociales et est acheteur exclusif du diamant produit par cette société nébuleuse.

Qui est Alphonse Ngoyi Kasanji ?

Simple enseignant après l’obtention de son diplôme d’Etat, il devient homme d’affaires reconnu, grâce à la bénédiction du sous-sol de ses ancêtres avant de trôner sur  la province diamantifère en 2007,  à la suite de l’élection du gouverneur. Alphonse Ngoyi Kasanji a bâti sa fortune dans le diamant. Propriétaire du comptoir « Océan pacifique », l’un des plus célèbres de Mbuji-Mayi, « Ngokas », a été de tous les rendez-vous des meilleures pierres précieuses sorties de terre de « Bakwanga ». Qu’elles viennent du polygone de la MIBA, des creuseurs artisanaux ou des trafiquants des bas niveaux, il sautait sur toute occasion, coinçant ses concurrents de taille comme Auguy Ilunga dit ADC, Maweja Djunes ou encore feu Madi Madimba Tshikulu tshia nsabata. Il a eu beaucoup d’opportunités grâce à sa double casquette de président du Comité Provincial des Diamantaires (CPD) et de la Fédération Congolaise de l’Or et du Diamant (FECODI). Son diamant lui ravi en 2000 par le régime de Laurent-Désiré Kabila, qui provenait d’ailleurs d’une histoire similaire à la situation actuelle qui l’oppose à Eliezer Ntambwe, fait parler de lui dans tous les médias nationaux, voire internationaux et fait de lui célèbre.

Devenu Gouverneur de province en 2007, « Tshiobesha », entendez, le « buteur », comme le surnomment ses proches, s’est désengagé, du moins, officiellement, de ses activités de diamant. Mais officieusement, entre Ngokas et le diamant c’est le parfait et grand amour. Seulement, l’accuse-t-on, il profite de son statut de gouverneur, pour avoir une mainmise sur toutes grosses pierres valeureuses de la région et imposer ses prix. Et pour ce faire, il aurait placé ses lieutenants dans toutes les mines importantes comme des informateurs.  L’homme politique est venu renforcer et réconforter l’homme économique. Un duo politico-économique dangereux  dans une seule personne appelée « Tshiobesha » qui transparaît un conflit d’intérêts. Marquera-t-il aussi contre le PGR ? Possible, grâce à son porte-monnaie garni.

Georges Ilunga.

  • Bendélé Ekweya té

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