A qui le président Joseph Kabila prêtera-t-il oreille ? Les uns lui demandent de ne pas investir le nouveau gouverneur élu de la province du Maniema ; mais d’autres par contre lui prie de le faire pour éviter la déstabilisation de cette province. Et toutes ces demandes émanent soit des membres, soit des partis politiques de la Majorité présidentielle, sa famille. Pendant que la Majorité/Maniema a déposé une requête à la Cour d’appel de Kindu sollicitant l’annulation de cette élection, certains de ses membres désapprouvent et s’inscrivent en faux contre cette démarche. Mais d’après les analystes qui se basent sur des cas antérieurs similaires où les indépendants l’avaient emporté sur les candidats de la MP, Joseph Kabila usera de sa sagesse pour se pencher du côté de la raison.
Est-ce des mauvais chevaux au Centre de Coordination des Elections de la MP ?
Est-il logique pour le responsable numéro 1 d’une structure chargée de peaufiner des stratégies électorales, de mordre lui-même la poussière à une petite élection de gouverneur de province ? C’est pourtant le cas de Justin Omolela Selemani, coordonateur du Centre de Coordination des Elections de la Majorité Présidentielle (CCE). Parti comme candidat gouverneur MP au Maniema, le coordonnateur du CCE a été battu à plate couture au premier tour par le candidat indépendant Prosper Tunda Kasongo : 7 voix contre 16 sur 24 députés provinciaux votants. Comme si cela ne suffisait pas, la MP a réalisé une autre débâcle dans le Kwango où une fois de plus les candidats indépendants Kanys Makofi et Romain Kasuwa ont eu raison sur le Palu Vicky Mboso et le MP Edouard Wenzi. Sur 24 votants, les deux indépendants contraints à revenir au second tour, avaient respectivement récolté 10 et 5 voix.
« Si pour une élection à suffrage indirect, le Centre de Coordination des Elections de la MP avec Justin Omolela à sa tête, se montre incapable et limité dans les stratégies pour soudoyer 24 députés provinciaux votants, que fera-t-il pour le suffrage direct d’au moins 40 millions d’électeurs ? », déplore un membre de la MP qui appellent à une restructuration rapide de cet organe stratégique en charge de la victoire aux élections de décembre 2018, en y affectant des animateurs aguerris.
Mais d’après des indiscrétions de la Majorité présidentielle, la guerre se livrerait au sein de cette plateforme politique alignée derrière Joseph Kabila. Ainsi, la paternité de la débâcle des candidats MP serait attribuée à certains hauts cadres de la MP. Dans le Kwango par exemple, Aubin Minaku, André Kimbuta, Albert Kutekala, Matadi Wamba et Jonathan Wata, sont indexés comme des personnes ayant beaucoup contribué à l’échec d’Edouard Wenzi, pourtant candidat PPRD. Ces leaders de l’ex-Bandundu dont on dit être anciens parrains de l’ex-gouverneur Larousse Kabula, sont accusés d’avoir soutenu Kanys Makofi et/ou Romain Kasuwa, alignés sous la toge d’indépendants. On raconte même qu’Aubin Minaku aurait évité de recevoir le candidat Edouard Wenzi qui tenait à le rencontrer avant sa descente à Kenge. Il en est de même pour André Kimbuta qui aurait financé l’opération de détournement des électeurs acquis à Wenzi.
Dans le Maniema, Emmanuel Ramazani Shadary, Athanase Matenda, Joseph Kokonyangi…auraient tourné le dos au candidat MP Justin Omolela. C’est ce qui aurait justifié la déconfiture de ce dernier. D’où cette interrogation des observateurs avec tout ce qui apparaît comme des coups bas : la MP est-elle encore véritablement majorité ? Loin de l’affirmatif, cette mouvance présidentielle joue à l’hypocrisie. C’est devenu une coquille vide dont Joseph Kabila resterait tout simplement le fond de commerce. Même si son nom est sur le bout des lèvres mais sa personne n’est pas portée dans le cœur de tous les « djaleloïstes » et autres « matolistes », bref les renards de ce qui convient d’être appelé « Mangeoire présidentielle ». « Chacun joue à la sauvegarde de ses propres intérêts sous le parapluie du Raïs. Mais personne ne l’aime vraiment », confie un haut cadre de la MP à scooprdc.net.
Agnelo Agnade