« Le Gouvernement coréen a dûment expliqué au fabricant coréen des machines à voter les risques potentiels en cas d’exportation de ces machines. Plus particulièrement, exporter leurs machines au Congo pourrait donner au Gouvernement congolais un prétexte pour des résultats indésirables liés aux élections, notamment le retard additionnel de la tenue des élections, et aussi le danger de devenir une cible des critiques. Mais le Gouvernement coréen ne détient aucun droit légal pour décourager de force une compagnie privée coréenne à ne pas exporter ses produits ». C’est la position officielle de la Corée du Sud sur l’utilisation aux prochaines élections par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), des machines à voter fabriquées par la firme sud-coréenne Miru Systems.
Cette position sous forme d’un désaveu du Gouvernement sud-coréen est contenue dans un document remis à la presse par Mme Jione Park, chercheuse principale de l’Ambassade de Corée à Kinshasa. Dans ce document, la Corée du Sud qui se dit partager les préoccupations, mieux les inquiétudes d’autres pays de la Communauté internationale sur le danger que présentent ces machines à voter sur la tenue pacifique et ordonnée des élections, révèle que A-Web, une organisation coréenne sans but lucratif qui fournissait jusque l’année dernière un soutien technique à la CENI en rapport avec l’utilisation de ces machines, a rompu et cessé toute collaboration avec la RDC, suite à l’opposition du Gouvernement coréen quant à l’utilisation de ces machines par la Centrale électorale congolaise.
A analyser la position du Gouvernement sud-coréen, il se dégage l’attitude d’un parent qui désavoue l’acte incertain et plein de conséquences néfastes que tente impertinemment de poser son fils majeur, et lave les mains à la Ponce Pilate pour décliner toute responsabilité qu’on lui attribuerait. Déjà, il y a beaucoup d’inquiétude au sujet de l’opacité qui entoure la passation du marché des machines à voter entre la CENI et Miru Systems.
Dans son ouvrage publié récemment et intitulé « Qu’est-ce que le vote électronique ? Qu’est-ce que la machine à voter ? CENI : un choix hypothétique et rassurant », le journaliste Moïse Musangana s’inquiète du fait que notamment que Miru Systems n’ayant pas presté en RDC dans le passé, son expertise ne peut d’emblée être déclarée avérée. Le journaliste démontre à travers son livre que la RDC n’est pas le premier pays à expérimenter cette technologie. Il cite un certain nombre des pays, mais tous y ont renoncé, y compris les Pays-Bas, grand fabricant des machines à voter, à cause des imperfections surtout de non fiabilité des résultats des élections. Il énumère les avantages de la machine à voter qui sont plus moins nombreux que les désavantages.
Mais pourquoi le président de la CENI s’accroche-t-il à cette machine à voter jusqu’à déclarer d’autorité mais sans en avoir la qualité, que, si elle est toujours contestée, il n’y aura pas d’élections en décembre 2018 ? Est-ce un problème de gros sous de commission ? Est-ce pour favoriser la tricherie avec des logiciels dont les adversaires politiques du pouvoir actuel ne maitrisent pas ? Mystère pour les non initiés, mais les deux hypothèses ne sont pas à exclure.
Ginno Lungabu