Il est prévu le 13 avril prochain dans la capitale suisse, une conférence de haut niveau des donateurs sur la situation humanitaire en RDC. Mais déjà, le gouvernement congolais sous la conduite de vice-premier ministre et ministre des transports et voies de communication, José Makila, assumant l’intérim du premier ministre, décline sa participation à cette conférence et la conditionne par l’harmonisation préalable des vues entre lui et les partenaires humanitaires, notamment sur les indicateurs de la situation humanitaire actuelle en RDC. En effet, la pomme de discorde entre les deux parties réside en l’ampleur de la situation humanitaire en RDC dont les humanitaires présentent en Level 3 (L3), mieux niveau 3. C’est une indication d’alerte rouge dans le système des Nations unies qui démontre le niveau très dramatique d’une situation, soit sécuritaire ou humanitaire.
C’est ce L3 que conteste farouchement le gouvernement congolais, qui estime que les paramètres ne sont pas au rouge tels que les humanitaires le font voir. Dans une rencontre le 12 mars dernier à Kinshasa, entre, d’une part, la délégation conduite par la ministre du Commerce extérieur et de la Coopération au développement du Royaume des Pays-Bas qu’accompagnait le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies et, d’autre part, le Gouvernement, représenté par José Makila, assisté par le ministre de la Solidarité et actions humanitaires, il a été question justement de revisiter l’activation du niveau d’urgence humanitaire le plus élevé dans le système humanitaire international dont fait l’objet la RDC.
Le Gouvernement congolais qui reconnaît certes que la situation humanitaire n’est pas rose, refuse en même temps qu’elle soit dramatisée comme le font les organismes et ONGs, juste dans le but, non seulement de ternir l’image de la RDC, mais également de diaboliser le pouvoir de Kinshasa à travers le monde. Il en veut preuve la discordance des statistiques entre celles par lui fournies, établies par différents services habilités dans la collecte des données sur le terrain et celles provenant de la communauté humanitaire. D’où son exigence de la convocation, avant la Conférence de Genève, d’une réunion d’harmonisation des points de vue sur cette matière en vue d’avoir un même entendement dans la conduite des affaires humanitaires en RDC. Faute de quoi, il ne participera pas à cette Conférence de Genève, estimant que l’activation du niveau d’urgence humanitaire le plus élevé basée sur des faits non réels, constitue un frein par le développement du pays pourtant en quête de son redressement après cette période post-conflit.
L’aide humanitaire étant un acte ponctuel et bien ciblé, fait remarquer José Makila, elle ne peut nullement contribuer au développement d’un pays. Cette problématique renvoie à l’ouvrage de Lambert Mende Omalanga intitulé « Au-delà de l’aide humanitaire », dans lequel le ministre congolais des médias et communication fustige le comportement marchand des organismes internationaux et ONGs qui, pour avoir des financements des bailleurs des fonds, font constamment de la situation humanitaire en RDC un fonds de commerce. Il y a donc à boire et à manger…même à vomir, dans le L3 des humanitaires.
Ginno Lungabu.