Modeste Bahati et son Alliance des Forces Démocratiques du Congo (AFDC) sont désormais à l’aise pour affronter les élections en décembre prochain et sûrs de pouvoir les gagner. Deuxième force de la Majorité présidentielle, le parti de celui qui est actuellement ministre d’Etat en charge du Plan, vient d’avoir 15 partis alliés et quelques personnalités politiques avec lesquels il va aligner des candidats dans toutes les circonscriptions. Le regroupement politique ainsi constitué et dont la signature du protocole d’accord et la sortie officielle sont intervenues ce samedi 17 mars, se nomme AFDC-A. Parmi les alliés de Bahati figurent notamment l’ancien gouverneur du Haut-Katanga, Jean-Claude Kazembe avec sa Conscience Nationale Congolaise pour l’Action et le Travail (CONACAT), Ambroise Kamukunyi avec Notre Beau Pays (NBP), le bâtonnier Matadi Wamba avec son Parti Travailliste Libéral (PTL), l’ancien gouverneur du Kasaï central Alex Kande avec son Congrès des Alliés pour l’Action au Congo (CAAC).
D’autres partis alliés de l’AFDC sont le Mouvement pour le Renouveau de la Jeunesse Congolaise (MRJC), le Rassemblement pour le Développement Economique et Social (RDES), le Mouvement pour la Liberté et la Démocratie (MLD), l’Union des Démocrates pour la Concorde Nationale (UDCN), le Parti du Renouveau (PR), le Rassemblement pour la Défense du Peuple Congolais (RDPC), le Parti National du Peuple (PNP), Tous pour le Congo (TPC), Démocrates Bâtisseurs du Congo (DBC), Conseil Patriotique et Progressiste Chrétien (CPPC) et l’Union Démocratique Africaine (UDA). Me Joseph Mudumbi et André Moke Sanza, tous de l’UDCO de feu Baudouin Banza Mukalay, ont signé individuellement le protocole d’accord comme des personnalités politiques.
Interrogé par la presse, Modeste Bahati s’est montré ragaillardi. « Avec ces alliés, l’AFDC qui est déjà disséminé sur l’ensemble du territoire national, peut atteindre le seuil de représentativité au niveau national, provincial et local institué par la loi électorale ». A la question de savoir si l’AFDC lorgnerait le fauteuil présidentiel, Modeste Bahati répond : « l’AFDC-A évolue au sein de la Majorité présidentielle, nous sommes dans la Majorité présidentielle. La question du dauphin n’est pas encore à l’ordre du jour ». Une réponse certes politique, d’après certains analystes de la scène politique congolaise. D’ailleurs, dans le procès-verbal ayant sanctionné la signature du protocole d’accord, aucune mention « Majorité présidentielle » n’a été évoquée. Les esprits lucident ne voient pas, même dans un rêve, l’ancien président de la Société civile du Congo accepter de soutenir et s’aligner derrière la candidature présentée par le Parti du Peuple pour la Reconstruction et Démocratie (PPRD) : Aubin Minaku ou Augustin Matata Ponyo, soient-ils. Modeste Bahati ambitionnerait lui aussi la présidence de la République. Ambition tout à fait démocratique et qui ne relève pas de la folie, d’après ses proches qui vantent ses qualités et ses atouts. Et l’opinion de se rappeler que ce qui est G7 aujourd’hui devrait être G8 n’eût été la rétractation de Modeste Bahati en dernière minute. L’homme est surnommé « Maradona » et est susceptible de surprises agréables ou désagréables, c’est selon.
Mais ce qui est vrai, la Majorité présidentielle dans sa configuration actuelle depuis les querelles sur la loi électorale et son adoption forcée à l’Assemblée nationale, n’existe que de façade. Elle avait véritablement de sens que derrière Joseph Kabila. Maintenant qu’il ne sait plus se représenter malgré toutes les manœuvres entreprises, la confiance s’est effritée. Surtout que beaucoup de partis ont mal digéré l’égoïsme doublé de la mégalomanie du PPRD vis-à-vis d’autres partenaires de la plateforme. En imposant le seuil de représentativité, le parti présidentiel pensait écraser d’autres partis dits « petits » et de mallettes. Mais c’était sans compter sur les stratégies que pouvaient développer les leaders de ces petits partis dont leur élection dans leurs fiefs respectifs s’effectue sur base sur la coterie tribale. « A malin, malin et demi », dit-on. Le PPRD risque de se retrouver ainsi en face de ces différents leaders politiques constitués en plusieurs regroupements politiques, avec comme risque l’émiettement des cinq cent sièges de l’Assemblé Nationale ; raison avancée et soutenue pour justifier l’imposition du seuil de représentativité. Mais loin de résoudre ce problème d’émiettement des sièges, la crainte persiste avec les nouvelles stratégies que développe le politicien congolais. Et la constitution de la majorité parlementaire automatique risque d’être une équation à résoudre après les élections de décembre prochain.
Georges Ilunga