Tout passant, même myope, qui avait emprunté la semaine dernière l’avenue Batetela et était arrivé en son croisement avec l’avenue Pumbu, était contraint de lire « coup sur coup » sur des banderoles placées devant le siège national du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD). Un message de violence du parti présidentiel aux allures du code d’Hammourabi comme la photo ci-haut le témoigne. Ainsi, à la permutation récente effectuée par le président Joseph Kabila entre Henri Mova Sakani et Emmanuel Ramazani Shadary, les esprits lucides n’ont constaté que du bonnet blanc, blanc bonnet. Fallait-il applaudir lorsque l’on déshabille saint Pierre pour habiller saint Paul ? Pas du tout, ont répondu plusieurs analystes de la politique congolaises interrogés par scooprdc.net. Raison avancée, les deux avaient servi un seul maître : le Christ. De même, Henri Mova Sakani, ancien secrétaire général du PPRD devenu vice-premier ministre de l’intérieur tout comme Emmanuel Ramazani Shadary, ancien vice-premier ministre et secrétaire général adjoint du PPRD devenu le tout premier secrétaire permanent de ce parti après modification des statuts, servent tous deux les intérêts d’une même personne : Joseph Kabila.
Qualifiés des kabilistes durs, les deux ont développé depuis longtemps des stratégies violentes pour faire face à une opposition menaçante et manifestante. L’on se rappelle que Shadary, à l’époque président du groupe parlementaire PPRD avait promis de réagir coup sur coup aux actions de l’opposition. On l’a entendu maintes fois annoncer des contremarches à chaque fois que l’opposition programmait les siennes. Il s’est comporté en homme d’Etat que lorsqu’il est devenu VPM de l’Intérieur. Certes, on a vu un Shadary tout autre, très silencieux contre les « provocations » de l’opposition. Pendant ce temps, Henri Mova préparait ce que l’on ne peut s’empêcher de qualifier aujourd’hui de milice : les jeunes leaders mieux identifiés en « Bérets rouges ».
Ces jeunes qui ont suivi une formation militaire au Burundi à l’école de Pierre Nkurunziza, sont sur les traces de leurs homologues burundais les «Imbonerakure » qui ont fait preuve d’une extrême violence contre tous les opposants au régime de Bujumbura. Sous Henri Mova, les « Bérets rouges » dont il est le « Général », ont mené plusieurs actions contraires à la loi dont la dernière en date est l’envahissement sous la barbe de la police, de l’enceinte de la Cathédrale Notre Dame de Lingwala la veille de la marche des chrétiens catholiques annoncée pour le 25 février dernier. Maintenant qu’Emmanuel Shadary surnommé « monsieur coup sur coup » hérite d’une milice endoctrinée auprès de celui à qui on a confié les affaires intérieures et la sécurité, ne tendons- nous pas vers la burundisation de la RDC ? Avec le duo Mova-Shadary, considéré comme le noyau extrémiste kabiliste, ce plan n’est pas à exclure.
Déjà, avec l’assaut de la Cathédrale Notre Dame de Lingwala, les djihadistes bérets rouges étaient réconfortés par leur commandant, Me Badjegate : « Si vous versez votre sang pour le camarade Joseph Kabila, vous irez au ciel ». Ne peuvent entendre et exécuter pareil message que des kamikazes. Mais seulement, la burundisation de la RDC par la méthode nkurunzizienne a peu de chance de réussite. Pour la simple raison qu’au le clivage tutsi-hutu favorise le régime de Bujumbura, alors que la RDC avec sa mosaïque des tribus, les Bérets rouges broieront du noir dans leur démarche machiavélique.
Agnelo Agnade.