Par sa lettre du 13 février dernier adressée au recteur de l’Université Protestante au Congo (UPC), le professeur économiste Evariste Mabi Mulumba démissionnait de son poste de directeur de l’école doctorale de cet alma mater, à cause, motive-t-il, des irrégularités procédurales dans la soutenance de la thèse de l’ancien premier ministre Augustin Matata Ponyo. Une démission abondamment commentée dans les médias et sur les réseaux où beaucoup de critiques contre le nouveau docteur en économie ont été émises et continuent encore avec tendance de remettre en question ce travail scientifique. Si Mabi Mulumba s’atèle sur la forme, notamment le non-respect de la période comprise entre la soutenance du DEA et la soutenance de la thèse, il ne dit mot sur le fond, mieux le contenu de la thèse qui a prévalu la mention de grande distinction au doctorant.
Pour ne pas cautionner la démarche jugée maladroite du professeur Evariste Mabi Mulumba, le recteur de l’UPC, le professeur Ngoy Boliya, par sa lettre d’accusé de réception du 16 février, essaie de recadrer le directeur démissionnaire de l’école doctorale. Se rangeant derrière sa stature d’homme de l’église, le révérend recteur a manifestement refusé d’alimenter la polémique, mais il a tout simplement préféré rétablir à son niveau la vérité. En exploitant la réaction de Ngoy Boliya, l’on se rend compte que le Professeur Evariste Mabi, sauf cas contraire, ne pourra s’en sortir avec honneur. Car, le recteur de l’UPC a répondu point par point à toutes les accusations du directeur démissionnaire.
Il a été démontré que la soutenance de la thèse de l’ancien Premier Ministre Matata Ponyo était de haute facture, à voir la composition de son jury composé des professeurs Fréderic KALALA (doyen de la faculté), MPEREBOYE Mpere Seblon (UPC), Chicot EBOUE (Université de Lauraine-France), James ROBINSON (Université de Chicago, USA) et enfin KABUYA KALALA (promoteur et professeur à l’UNIKIN et à l’UPC). Aussi, le recteur démontre dans sa correspondance que toute la procédure conduisant à la soutenance de la thèse a été respectée. Mais cependant le recteur regrette le fait que son Directeur de l’école doctorale était plus préoccupé par ses responsabilités entre le sénat et la Cour des comptes à tel point qu’il n’a pas jeté un coup d’œil sur les procès verbaux de différentes réunions du comité d’encadrement y compris ceux de défenses privées et publiques du récipiendaire déposés à son office. Le recteur de l’UPC révèle par contre une animosité du professeur Evariste Mabi contre Matata Ponyo qui serait partie d’une contradiction avec ce dernier, alors Premier Ministre, lors d’une conférence-débat organisée par l’ambassade de Grande –Bretagne à l’UPC.
De ce fait, l’opinion peut se poser la question de savoir si c’est normal que les élites qui sont censés éclairer la nation, puissent se livrer ainsi à une guéguerre politico-scientifique, alors que l’on attend d’eux plus que ça. Ce feuilleton Mabi–Matata loin d’être scientifique, dégage une sorte de médiocrité politico-scientifico-médiatique. Doit-on attendre du professeur démissionnaire une réplique ? Va-t-il s’avouer vaincu avec la réponse sérieusement écorchée du recteur ?
Main noire d’Aubin Minaku derrière Evariste Mabi Mulumba
Sans parti-pris, le jury de Matata Ponyo n’a rien à avoir avec celui du président de l’assemblée nationale, Aubin Minaku, qui était visiblement constitué d’un club d’amis dans lequel un non professeur plus encore un non juriste avait siégé. Pire encore, il se raconte que la thèse de Minaku est un produit de la rédaction du professeur Augustin Mampuya. Ce qui n’est pas le cas ni dans la composition du jury, ni dans la rédaction de la thèse de Matata Ponyo. Cette évidence serait à la base de ce qui apparaîtrait visiblement comme une jalousie de la part du nouveau docteur Minaku envers un autre nouveau docteur Matata, politiquement concurrent, non seulement au sein de la Majorité présidentielle, mais également dans la lutte du « dauphinat » après du président de la république sortant, Joseph Kabila.
Ce roussi entre Mabi et Matata laisserait transparaître une main noire d’Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale qui dans leur lutte interne de la Majorité présidentielle sur le « dauphinat » de Joseph Kabila, se livre dans une guerre sans merci contre l’ancien premier ministre Matata en profitant de l’animosité du professeur Mabi pour saper le travail scientifique de son potentiel concurrent à la magistrature suprême. Le monde scientifique regrette que l’éminent professeur Mabi Mulumba se soit mêlé à cette guéguerre de positionnement entre deux faucons de la Majorité présidentielle.
Agnelo Agnade et Nzakomba