Faut-il en cette période susciter une autre tension dans la population alors que celle créée par la situation politique peine à se calmer ? Comme on peut s’en douter, c’est la démarche entreprise par le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta. Sur son ordre, le bourgmestre de Bandalungwa s’est livré, ce mercredi 14 février, à un spectacle désolant et révoltant les habitants de cette commune et les passants à bord des bus sur l’avenue Kasa-Vubu. En effet, accompagnés de beaucoup de policiers, Anto Longange lui-même en tête a donné l’ordre de détruire les hangars des terrasses sur les avenues Kasa-Vubu et 08 décembre. Opération du genre « opération coup de poing » de triste mémoire du gouverneur Jean Kimbunda en 2004.
Selon Anto Longange, le gouverneur André Kimbuta les aurait réunis et déclaré « qu’il a, de son retour d’Afrique du Sud, trouvé sa ville sale et cette saleté ce sont tous les hangars des terrasses qu’il fallait à tout prix les lui débarrasser ». Une opération, malheureusement, menée sélectivement par Anto Longange et son équipe. Ce tenancier du tristement célèbre débit de boisson Muguyla guyla s’est octroyé le plaisir d’épargner les hangars des sino-indo-libano-pakistanais et certains congolais qui lui ont mouillé les pattes en versant des pots de vin. Une politique de deux poids, deux mesures qui a créé une vive tension jusqu’à l’arrestation d’un journaliste qui photographiait l’opération.
Entre terrasses et décharges publiques, André Kimbuta a-t-il fait son choix ?
Les observateurs à cette scène de destruction méchante se demandent : entre les hangars des terrasses et les décharges publiques débordantes aux odeurs nauséabondes, qu’est ce qui peut être la priorité dans l’assainissement de la ville de Kinshasa ? Qu’est-ce qui justifierait cette opération en cette période où le Comité Laïc de Coordination de l’Eglise catholique a prévu une série des manifestations ? A quel jeu joue André Kimbuta ? Est-ce dans l’intention de mettre certains Kinois en état de colère afin de pousser ces derniers à accepter de gonfler les rangs des manifestants, eux qui sont victimes de ses destructions et auront perdu argent et autres biens de valeur raflés par les policiers habitués de se distinguer dans le vol lors de pareille opération ? Cela saute aux yeux d’après certains analystes qu’André Kimbuta joue le jeu de l’opposition pour décrédibiliser davantage le pouvoir de Joseph Kabila déjà en déroute.
Sinon, comment comprendre que dans la ville de Kinshasa où les immondices infestent l’atmosphère au point d’apporter le choléra, et que monsieur le Gouverneur parle de la destruction des terrasses comme solution pour rendre « sa ville » propre ? Comment expliquer que dans cette période où la tension politique est perceptible que monsieur gouverneur s’évertue à empêcher des milliers des bandalois qui regardent leurs matches européens (Real de Madrid, Barcelone, Paris Saint Germain, Juventus…) dans ces terrasses de Bandalungwa de jouir de ce plaisir ? Et comme le malheur ne vient jamais seul, certains officiers de police trouvés à l’endroit où un journaliste a été agressé pendant cette opération, interrogés par scooprdc.net, ont affirmé dans l’anonymat en ces termes : « ces autorités politico-administratives n’ont pas vraiment des cœurs. Est-ce vraiment le moment propice de monter de telles opérations ?, se sont-ils interrogés, regrettant d’exécuter des ordres maladroits.
Avec le climat qui règne au pays, faut-il encore énerver la population qui se débrouille pour survivre ? Somme toute, le mal est déjà fait. Et Kimbuta vient de jeter l’huile sur le feu ; un feu qui brûle déjà et qui risque de jeter tous les Kinois à la remorque du CLC dans la rue ce 25 février.
Owandi, JYMAM et Nzakomba.