Dans un communiqué du 06 février dernier, le ministre des PT-NTIC demande aux personnes tant physiques que morales, de droit public ou privé, détentrices des antennes VSAT et fournisseurs de services d’accès à l’Internet de se faire identifier auprès de l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications (ARPTC). Cette exigence de conformité dont la date limite est fixée au 28 février prochain, doit se faire au siège social de l’ARPTC pour les détenteurs de VSAT de Kinshasa, et à ses succursales de Bukavu, Kananga, Kisangani, Lubumbashi et Matadi pour ceux des provinces. Emery Okundji prévient que toute personne concernée qui ne le ferait pas dans le délai imparti, sera considérée comme opérateur clandestin passible des sanctions pénales.
La démarche du ministre des PT-NTIC relance l’épineuse problématique de lutte contre la fraude dans le secteur des télécoms, notamment le phénomène Sim Box occasionné par ces antennes VSAT. En effet, c’est un réseau mafieux qui consiste à transformer des appels venant de l’étranger en appels locaux, créant ainsi un important manque à gagner au Trésor public en termes de taxes. Selon l’ancien ministre des PT-NTIC, Trymphon Kinkiey Mulumba qui avait excellé à l’époque dans la lutte contre les Sim Box, cette pratique frauduleuse fait perdre chaque mois près de 12 millions de dollars américains au trésor public.
Quelle chance accordée à la bataille d’Emery Okundji ?
Comme mentionné ci-haut, l’histoire des télécommunications en RDC retient que c’est l’ancien ministre de PT-NTIC Trymphon Kinkiey Mulumba qui a été le premier à dénoncer et à mener une lutte contre le phénomène Sim Box. Pour ce faire, un contrat avait été signé entre le Gouvernement congolais et l’entreprise Agelis-Télécom en novembre 2012. Cette dernière était chargée de mettre fin à la fraude téléphonique en démantelant les Sim Box. Mais plus de deux ans après, son bilan a été jugé insuffisant par la Fédération des Entreprises du Congo(FEC). D’après ce syndicat du patronat dont les sociétés des télécommunications sont membres, Agelis-Télécom n’avait démantelé que 2% de ce réseau maffieux. Kinkiey Mulumba est parti sans véritablement éradiquer cette maffia.
Du côté des opérateurs des télécoms, on explique notamment la persistance du phénomène Sim Box par l’implication de certains officiels congolais y compris des responsables des services de sécurité dans ce réseau mafieux. Ils brassent ainsi aisément et frauduleusement de millions de dollars au détriment du trésor public. Ces intouchables de la République n’avaient jamais été inquiétés malgré les aboiements médiatiques de Kinkiey Mulumba qui, selon les opérateurs en télécommunication, savait où se trouvaient ces Sim box, mais était incapable de les démanteler.
En avril 2016, le Comité professionnel des fournisseurs des services de la téléphonie, par la bouche de son président Barthé N’tshabali avait recommandé au gouvernement de la RDC de renforcer le contrôle douanier sur l’importation illicite des équipements des télécommunications, tels que le VSAT. Il avait aussi préconisé à l’époque l’identification des usagers et le suivi de ces équipements. Et pour réduire sensiblement la fraude, Barthé N’tshabali avait demandé au gouvernement de diminuer aussi la taxe sur la terminaison internationale, car « plus elle est élevée, plus elle rend difficile les affaires », avait-il déclaré. Selon lui, ces propositions permettraient de lutter contre le phénomène des Sim box, qui favorisent la fraude des appels internationaux entrants.
Emery Okundji qui relance cette lutte contre la fraude en télécommunication à travers les antennes VSAT, doit, non seulement avoir les biceps pour combattre les « intouchables », ce qui n’est pas évident, mais aussi créer un cadre de collaboration entre les opérateurs des téléphonies mobiles pour lutter contre ce phénomène dont l’existence n’est pas spécifique en RDC.
Agnelo Agnalo.