« Lorsqu’on a un problème avec le cochon, on ne prend pas le sanglier pour témoin ». Les autorités de Kinshasa vont expérimenter cet adage africain face au refus catégorique mais poli des chancelleries de l’Union européenne de s’occuper chacune de la délivrance des visas aux demandeurs Rdcongolais. Effet, suite aux brouilles diplomatiques entre la Belgique et la RDC au sujet de l’aide au développement que les Belges ont décidé de ne plus remettre directement aux autorités de Kinshasa mais plutôt aux organisations non gouvernementales, le gouvernement congolais a décidé pour sa part la fermeture de la Maison Schengen tenue par les Belges et qui centralisait toutes les démarches administratives de demande des visas pour l’espace de l’Union européenne.
Comme pour faire respecter cette décision des autorités de Kinshasa, la Direction Générale de Migrations (DGM) a convié mercredi 31 janvier les ambassadeurs des pays de l’Union européenne en poste à Kinshasa pour leur dire de se conformer à la mesure gouvernementale. Les réponses des chancelleries ont été données séance tenante et sans ambages : « Il n’y aura pas d’activités en dehors de la maison Schengen. Ce ne sont pas des ambassadeurs qui peuvent rompre un accord entre les États membres. Par ailleurs, il ne revient pas à un Directeur de cabinet de donner des instructions à des représentants des États. Question de bon sens. Si vous fermez la maison Schengen à Kinshasa, c’est à la maison Schengen de Brazzaville que vous allez pouvoir faire vos démarches administratives pour l’obtention du visa car les ambassadeurs n’ont pas le pouvoir de déroger à un accord entre les États. En sus, la RDC n’est pas membre de l’union européenne pour faire des propositions modifiant un accord signé entre les États membres ». Véritable coup de massue…
Déjà, dans son point de presse de dimanche 28 janvier, le G7 exprimait sa vive indignation face à la réaction épidermique et irresponsable des autorités congolaises et leur demandait de renoncer à leur mesure qualifiée par le G7 d’aussi inutile que ridicule en rappelant que la fermeture de la Maison Schengen ne concerne pas que la Belgique mais aussi les autres membres de l’Union européenne.
En attendant le dénouement de la situation, les Congolais de Kinshasa seront contraints de traverser à Brazzaville pour toutes les formalités de demande de visa auprès de la Maison Schengen de l’autre rive. Une aubaine tant pour le secteur privé que celui public du Congo-Brazzaville à brasser de l’argent sur les milliers des demandeurs RDCongolais qui seront obligés de payer, non seulement les hôtels et les restaurants, mais aussi certains frais pour la traversée du fleuve.
Georges Ilunga