L’adage du « crocodile allant se cacher dans la rivière pour fuir la pluie » s’est concrétisé ce mardi 16 janvier à Kinshasa en la Cathédrale du centenaire protestant. Toutes les autorités du pays, du moins ceux qui commandent et se nourrissent bien aux mamelles des richesses du pays au détriment de la population meurtrie que défend contre vents et marées le clergé catholique, croyaient fuir les remontrances, les admonestations du cardinal Laurent Monsengwo Pansinya en allant chez les Protestants pour célébrer le 17ème anniversaire de l’assassinat de feu président Mzee Laurent-Désiré Kabila. Mais sur place, ils ont trouvé le pasteur responsable de la Cathédrale du centenaire de Kinshasa, le Pasteur François-David Ekofo, bien débout sur ses deux pieds. En effet, lors de son adresse à l’assemblée, cet homme de Dieu, comme adoubé par le Saint-Esprit ; cet esprit saint qui inspire les églises d’après le livre de l’Apocalypse, s’est emparé de lui et a craché sur son peuple la vérité toute crue, comme l’avait fait le prophète Nathan devant le tout puissant Roi David. Si son Eminence le cardinal Laurent Monsengwo Pansinya n’avait trouvé mieux que de coter et de sanctionner le pouvoir en place par la mention « Médiocre » comme dans toutes les écoles catholiques pour la gestion de la Res Publica, les Protestants eux sont allés plus loin pour dire tout simplement que la RDC est un « Non Etat » ! Pasteur François-David Ekofo, c’est de lui qu’il s’agit, s’est appesanti dans une sorte de parallélisme pour démontrer point par point le caractère très visible de la République du « Gondwana » qui stigmatise mieux ce qu’est la RDC aujourd’hui.
Dans son homélie, pasteur Ekofo commence par démontrer que dans un Etat normal règne la justice. Tout être humain vivant dans l’espace dénommé Congo devrait bénéficier de l’égalité de traitement et de considération devant la justice, fusse-t-il président de la République où simple citoyen Lambda. Il en prend pour exemple, la tentative d’assassinat du président Américain Ronald Reagan en 1987 alors qu’il était encore étudiant aux Etats-Unis d’Amérique. Un citoyen Américain était jugé devant une juridiction américaine pour avoir tiré sur un citoyen américain, président de son état. Voilà un Etat de droit, a-t-il souligné. Cependant, en RDC stigmatise le pasteur François-David Ekofo, il existe en RDC des individus qui sont au-dessus de la loi, et cela au vu et au su des autorités du pays. Est-ce par complicité ou par passivité ? Et ce n’est pas tout, Pasteur Ekofo, renchérit, en prenant un deuxième exemple pour soutenir son argumentaire qui étaye le « non Etat congolais ». Il parle de la législation en ce qui concerne le code de la route. Dans tout pays normal, dit-il, quand on roule à gauche, les volants des véhicules sont à droite. Et quand on roule à droite, les volants des véhicules sont à gauche. Ainsi, dans les pays sérieux, à l’instar des Etats-Unis, dit-il, aucun véhicule qui ne respecte pas la législation en place n’entrera jamais. Mais, en RDC, la législation n’est nullement respectée, fait-il mention. Il fallait être dans la Cathédrale du centenaire pour voir comment toutes ces autorités en commençant par le représentant personnel du chef de l’Etat Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale en passant par le président du sénat Léon Kengo wa Dondo, le premier ministre Bruno Tshibala jusqu’au dernier des ministres ainsi que les membres du cabinet du président de la République, pour voir comment ils étaient tous réduits dans leurs petits souliers…
Somme toute, il semblerait que l’esprit qui a animé le Pasteur afro-américain Martin Luther King a plané ce jour sur la RDC. Pasteur de son état, ce dernier a mené une lutte sans merci contre les antivaleurs qui caractérisaient la société américaine ségrégationniste au point de déclarer qu’ « aucune religion sérieuse ne peut rester indifférente face à l’injustice, à l’oppression, à l’inégalité et à la dérive ».
Ce n’est pas tout, le pasteur François-David Ekofo a donné une leçon de morale mais surtout d’avertissement aux pays voisins de la RDC qui la déstabilisent, pillent ses richesses et veulent occuper ses terres : « même si vous prenez aujourd’hui un centimètre carré du Congo, nos enfants même nos petits-fils le récupéreront. Contentez-vous de ce que Dieu vous a donné ». L’homme de Dieu a évoqué l’histoire de la petite Suisse entourée par des grands, mais qui ne leur a jamais fait la guerre, mais pourtant aujourd’hui une puissance financière où sont localisées les grandes banques du monde.
Le pasteur Ekofo a enfin interpellé les pays occidentaux représentés à ce culte par leurs ambassadeurs et autres corps diplomatiques. « Comme vous êtes-là présents, prière de plaider pour nous auprès de vos pays respectifs. Aidez-nous à développer notre pays, vous en bénéficierez beaucoup. L’argent n’est pas seulement dans l’usine des armes », leur a-t-il dit.
Entre « le non Etat » et « le médiocre », il n’y a qu’un pas !
Si la page Marini Bodho a été marquée par la complaisance de l’ECC face aux méfaits du pouvoir en place, l’ère Bokundoa implante les empreintes du vrai rôle que devrait jouer l’église du Christ au Congo dans son volet social étant présente et participante à la souffrance du peuple Congolais. Car l’esprit du Christ est avant tout, l’esprit de vérité. Les acteurs politiques actuels devraient toujours réfléchir sur quel Etat devraient-ils léguer à la postérité. Si les catholiques ne revendiquent que le mieux-être de la population congolaise qui passe par le respect des textes et lois du pays, les protestants font voir au pouvoir en place qu’il a une tâche énorme, celle de faire de la RDC, un ETAT. N’est-ce pas que la mention «Médiocre » du philosophe Monsengwo n’était-elle pas atténuante ?
JYMAM.