« Dans l’histoire de la RDC, il sera désormais connu le jour des martyrs de l’accord de la saint sylvestre. Car ils sont morts pour rappeler aux uns et aux autres leurs engagements. Aujourd’hui votre sang a coulé et coulera dans le corps de congolais épris de justice et de démocratie. On voudrait cacher la vérité car nous sommes habitués aux mensonges systémiques, au dénie de la vérité même si ce sont des victimes qui s’expriment. Ces morts nous accusent par leur innocence, justice et leur recherche de la démocratie », c’est le message clé de l’homélie de l’évêque auxiliaire de Kinshasa, monseigneur Donatien Mafuidi Nsoni. Une homélie précédée par la lecture de la deuxième épître aux corinthiens 14, 18 dont la clé de voûte du message est « tout passe, rien ne demeure, seules nos relations avec le Christ demeurent » et de l’Evangile selon Matthieu 5,1-12 qui revient sur les béatitudes: « heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés… Si l’on vous dit des mauvaises choses à cause de moi…réjouissez-vous… »
Et Monseigneur de renchérir dans son adresse aux fidèles présents dans la cathédrale, parmi eux les ambassadeurs et diplomates accrédités en RDC ainsi que la crème intellectuelle Congolaise : « Regardez ces jeunes, victimes de notre insécurité, notre soif du pouvoir, notre égocentrisme… Une société mal dans sa peau, qui a perdu confiance en elle-même, qui se cherche…Ils sont morts pour l’alternance au pouvoir, gage de la démocratie et respect de la constitution. Demain nos larmes sécheront mais l’on saura que nous vous avons pleuré. Nous gagnerons la confiance du monde si nous nous mettons au service de nos frères et non à notre propre service. Nous bâtiront alors un Congo plus fort et plus beau qu’avant! »
Et d’ajouter : « Ils sont morts, ils sont vivants en route vers le père céleste qui, à bras ouverts, les attends pour les faire entrer dans son royaume. Tous, fils et filles dignes de la terre de nos ancêtres. Ils sont morts, ils sont vivants, êtres gravés à jamais dans la mémoire de chacun de nous ici présent et à travers notre vaste et beau pays, terre panthéon aux couleurs plurielles, désormais berceau d’une humanité nouvelle pour entonner ce chant du non à la médiocrité, du non au désespoir (acclamations de l’assemblée). Ils sont morts, ils sont vivants, symbole du Congo souffrant qui, durant des siècles, n’a eu que seule campagne que l’espérance têtue d’un Congo nouveau dont les fils et filles célèbrent en ce jour la fin de l’arrogance de l’ignorance de nombreux maçons d’un pouvoir assassin de notre humanité à tous. Ils sont morts, ils sont vivants, pour qu’enfin que toi et moi restions débout et confiants à notre avenir, tous bâtisseurs d’un Congo digne parce que pluriel, digne parce que respectueux de l’homme et de la femme de cette terre bénie, digne parce qu’animé par une solidarité agissante, soucieuse des plus petits, des sans voix et tous ceux à la périphérie sont sans toit à chaque pluie. Ils sont morts, ils sont vivants, vainqueurs de mort par un don ultime de leur vie, en guise de solidarité et des vérités, d’amour. Jamais, jamais, mais alors jamais notre Eglise et notre nation ne vous oublieront. Jamais, mais alors jamais car vous avez donné un sens à notre vie, car vous avez donné à une raison d’être à notre combat que nous n’abandonnerons jamais ».
Et Monseigneur Donatien Mafuidi Nsoni de conclure son adresse du jour en implorant le tout puissant : « Seigneur, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils disent et ce qu’ils font ». Tel a été l’essentiel du message de la messe de ce vendredi en mémoire des Congolais tombés le 31 décembre dernier.
Agnalo Agnade