Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC est fin mandat. Dans son message du 22 décembre dernier, Maman Sidikou annonce personnellement que le 31 janvier prochain il ne sera plus RSSG. Et dressant un petit bilan de ses deux ans dans le pays de Joseph Kabila, le Nigérien, sans manifestement exprimer son autosatisfaction, énumère ses actions. C’est notamment, le soutien des Nations unies sous son impulsion, écrit-il, au Gouvernement congolais dans la réponse à l’épidémie Ebola dans le Bas-Uélé ; son avancement du processus électoral ; la réouverture du bureau de la Monusco à Kananga pour répondre aux violences dans les Kasaï. « Que ce soit à Uvira, à Beni ou dans le Kasaï, sans l’action des Nations unies, le bilan humain serait sans aucun doute bien plus lourd », écrit Maman Sidikou.
Se prévalant observateur attentif et privilégié de la vie congolaise, le RSSG fin mandat dit avoir veillé à ce qu’aucun effort ne soit épargné pour identifier des solutions de sortie de crise en protégeant les populations lorsqu’elles sont menacées, leur apportant une assistance quand elles sont dans le besoin d’abris, de nourriture et de soins et en les accompagnant vers le développement durable du pays. Comme pour un peu regretter son travail inachevé, Maman Sidikou écrit dans son message : « mon souci est de contribuer à mener ce pays vers des élections libres et transparentes dans le cadre d’une transition politique inclusive et apaisée où toutes les voix peuvent s’exprimer librement, conformément à la constitution congolaise ».
Mais hélas, ce n’est qu’un souci, mieux un souhait ! Beaucoup ne voient pas, même s’il était reconduit, en Maman Sidikou, la capacité de mener la RDC vers des élections comme l’avait fait l’un de ses prédécesseurs, William Swing, ni tenir la tête au régime Kabila comme on l’a vu avec Martin Kobler. Vivement critiqué, non seulement par la classe politique, mais également par la société civile et surtout par les jeunes mouvements citoyens, Maman Sidikou est présenté comme le moins performant de tous les représentants spéciaux du secrétaire des Nations unies qui ont défilé à la tête de la Monusco. Il lui et reproché beaucoup d’allégeance à Joseph Kabila et de manque de personnalité. Jusqu’à être soupçonné d’avoir touché un pot de vin de 2 millions de dollars américains pour fermer les yeux sur les dérives du régime…
En effet, depuis le déploiement en 1999 de la Monuc qui a muté en Monusco, huit représentants spéciaux du secrétaire général de l’Onu se sont succédé : Moustapha Niassé, Kamel Morjane, Amos Namanga Ngongi, Willian Lacy Swing, Alan Doss, Roger Meece, Martin Kobler et Maman Sidikou. Chacun d’eux a marqué son époque. Mais les mieux cotés jusque-là restent Wlliam Swing, Alan Doss et Martin Kobler. Et les moins cotés sont Roger Meece et Maman Sidikou. Non sans raison, en fin diplomate, William Swing a, à la tête du CIAT, conduit en vrai Américain avec tacts et méthodologie imposante, la transition de 1+4 puis les élections de 2006 et bien géré l’après cette élection agitée par la tension entre Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba. Quant à Alan Doss, bien que moins diplomate, il a su tenir tête dans son orgueil d’Anglais à Joseph Kabila en s’opposant sans porter des gants à ses actions qui ne cadraient pas avec la concrétisation de la démocratie. Son successeur Roger Meece a par contre manifesté une mollesse envers le régime de Kinshasa contraire à son profil d’Américain. Il s’était montré défaillant devant Joseph Kabila. Ainsi a commencé le déclin de la toute puissante mission Onusienne en RDC. C’est sous son mandat que le signal de la célèbre radio onusienne Okapi a été brouillé.
Il a fallu que Martin Kobler arrive pour sauver le bateau UN qui était en train de chavirer. L’Allemand s’est comporté comme Swing et Doss mais avec mission spécifique de bouter dehors le M23, une rébellion « made in Rwanda » avec la complicité de certains dignitaires du régime de Kinshasa. Mais malheureusement, avec l’arrivée de Maman Sidikou, c’est le retour de l’ère Meece. Il a amplifié l’attitude de ce dernier. En Africain, en tout cas, en vrai Africain, il a fait même des courbettes devant Joseph Kabila, la photo indicative est si éloquente. Et d’après certaines indiscrétions de la Présidence de la République, ça fait plus d’une année que Maman Sidikou n’a pas pu rencontrer le président Joseph Kabila. Le trouvant léger, ce dernier l’expédie traiter avec ses services. Il serait le premier des représentants spéciaux du SG de l’Onu à être grondé par le patron de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), Kalev Mutond et l’ancien VPM de l’Intérieur, Evariste Boshab. Ce qui ne pouvait pas se faire du temps de « koko » Swing.
De l’avis de plusieurs analystes, l’africanisation du leadership de la Mission onusienne au Congo décidée par New-York en vue de laisser les Nègres régler leurs problèmes seuls, fait tourner la Monusco au rabais dans beaucoup de ses départements où les Africains sont responsabilisés. Les Noirs, confient ces analystes à scooprdc.net, ne sont pas dignes de diriger. S’il est vrai que l’attitude adoptée de Maman Sidikou était celle d’un marcheur sur les œufs évitant de les casser, il est aussi logique que pour avoir des omelettes, il faut casser ces œufs. C’est en tout cas ce casseur des œufs dont la Monusco a besoin pendant ce temps crucial de l’histoire de la RDC. Et ce casseur des œufs ne doit pas être un Noir, de grâce.
Agnelo Agnade.