Dossier passeports congolais : l’épée de Damoclès de la justice belge sur la firme Semlex

L’information est livrée vendredi denier par nos confrères de RTBF. La firme belge Semlex qui produit et imprime depuis janvier 2016 les passeports biométriques pour la RDC, est toujours dans le viseur de la justice belge. Celle-ci, selon la RTBF, enquête depuis le début de cette année au niveau du Parquet fédéral sur la passation du marché entre Semlex et les autorités congolaises ainsi que sur la clé de répartition dénoncées en avril dernier par l’Agence Reuters. La firme belge est indexée pour avoir tronqué avec certaines personnes recrutées dans le cercle du pouvoir à Kinshasa, le contrat au détriment des intérêts du peuple congolais. Ainsi, la justice belge tente d’y voir clair surtout que les révélations publiées par l’enquête de l’Agence Reuters sont inquiétantes sur Semlex.

En effet, selon Reuters, sur 185$ que coûte le passeport congolais, le gouvernement ne récupérerait que 65$, soit 35,1% du prix. L’essentiel des sommes versées par le citoyen congolais, 120$, ferait l’affaire directe entre Semlex et LRPS, une petite société basée aux Émirats arabes unis et qui appartiendrait à une proche du président congolais Joseph Kabila. Et ce sont des millions de dollars américains qui enrichissent ainsi illicitement des individus, au détriment du Trésor public congolais.

D’après les informations recueillies par scooprdc.net, en Belgique, outre le patron de Semlex, Albert Karaziwan qui est considéré comme la plaque-tournante de cette opération maffieuse, la famille Louis Michel serait aussi dans cette affaire. Détenant officieusement des parts dans Semlex, elle est bénéficiaire des dividendes produits par le contrat d’impression des passeports congolais. Le tête-à-tête récent à New-York entre le président Joseph Kabila et le premier ministre belge Charles Michel en marge de l’Assemblée générale de l’Onu, aurait également planché sur une réelle menace dont courent les Louis Michel en laissant le vice-premier ministre Didier Reynders saper le régime de Kinshasa. Le zapping de ce dernier que ce soit à New-York ou tout récemment ici à Kinshasa à l’occasion de l’inauguration de l’Ambassade de la Belgique, serait la conséquence de ce deal.

L’invalidation des passeports semi-biométriques au profit de seuls biométriques, d’après les sources de la Présidence de la république, serait une décision personnelle de Joseph Kabila en vue de récompenser ses protecteurs de la famille Louis Michel au travers Semlex. Ils pourront ainsi se brasser des millions de dollars américains dans le peu de temps qui reste encore au contrat, en laissant tranquille son pouvoir sur la question d’organisation des élections. Les Français auront leur part dans le pétrole et les Américains dans les mines pour fermer les yeux, confient à scooprdc.net ces sources de la Présidence de la République.

Mais si ce dossier des passeports congolais préoccupe la justice belge, celle congolaise est aphone, amorphe, mieux aboulique. Toutes les dénonciations et les coupures de presse qui en ont fait large écho, n’intéressent guère les instances judicaires congolaises. Et pourtant c’est une affaire des millions de dollars américains qui se volatilisent dans les poches d’une poignée d’individus. Si en Belgique, c’est Albert Karaziwan qui est le plus indexé dans cette maffia, au Congo, bien que ce soit le nom de Makolo wa Ngoy de la famille présidentielle qui est mis en exergue, il y a deux cerveaux moteurs de la maffia dénichés par les enquêteurs de Reuters : Moïse Ekanga et Emmanuel Adrupiako. Le premier est officiellement chargé de la Cellule de gestion des programmes sino-congolais tandis que le second est le conseiller financier du président Joseph Kabila. Mais officieusement, ce sont des kamikazes du régime…

Alors qu’au début de négociations du marché, le belge Albert Karaziwan avait proposé 50$ le prix d’un passeport, l’on ne comprend pas toujours par quelle magie les deux précités chargés de négocier le marché l’ont ramené à 185$ ! Si dans la clé de répartition révélée par les enquêteurs de Reuters, 65$ vont dans la caisse de l’Etat congolais et que 48$ sont perçus par Semlex, soit 113$ au total, quelle explication donne-t-on à 60$ et 12$, respectivement perçus par Makolo wa Ngoy et Mantenga Contacto Trading ? Voilà un vrai travail pour le professeur Emmanuel Luzolo Bambi, conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de bonne gouvernance, lutte contre la corruption et blanchiment des capitaux et traqueur des kuluna en cravates.

Owandi.

  • Bendélé Ekweya té

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