« Quand malheur veut t’arriver, même coton peut te blesser », ironisent souvent les Ivoiriens. C’est la situation dans laquelle se trouve actuellement l’homme d’affaires israélien Dan Gertler. Considéré comme le « porte-monnaie » du président congolais Joseph Kabila, il est sanctionné par les Etats-Unis et voit tous ses avoirs gelés. Un véritable coup dur pour celui qui détient une dizaine de sociétés, toutes affiliées en RDC !
Seulement, ce malheur ne vient pas seul. Outre la gifle lui administrée, les Américains révèlent dans leur décision que sieur Gertler détient concomitamment deux passeports israéliens (de service et diplomatique) avec un passeport congolais. Celui-ci, émis le 28 mai 2015 et expirant le 27 mai 2020, porte le numéro DB0009084. Or, l’article 10 de la Constitution congolaise interdit formellement la détention d’une double nationalité. « La nationalité congolaise est une et exclusive », précise cet article. Ainsi, par simple entendement de cette disposition constitutionnelle, ne peut détenir un passeport congolais, qu’un Congolais. Mais ici, Dan Gertler, sujet juif avec deux passeports de son pays, se promène aussi avec un passeport officiellement lui accordé par le Ministère congolais des Affaires Etrangères.
De l’avis de plusieurs observateurs, même si du moins la justice congolaise n’est pas capable d’enquêter sur les faits de corruption reprochés par les Américains à l’homme d’affaires israélien ayant fait perdre 1,36 milliards à la RDC, et ce à cause de son amitié souvent évoquée avec le président Joseph Kabila, elle peut tout de même se pencher sur cette question de double nationalité de Dan Gertler. Ainsi, le ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba et le Procureur général de la République Flory Kabange Numbi doivent réunir quand même leur courage pour initier non seulement une action de déchéance contre Dan Gertler, mais aussi le sanctionner conformément à la loi pour usurpation de nationalité. Une jurisprudence éloquente en la matière existe : l’opposant Pierre-Jacques Chalupa avait été condamné en janvier 2013 à 36 mois de prison ferme par la Cour Suprême de justice pour usurpation de nationalité quand bien même son cas était bien discutable par rapport au Droit, n’eut été l’implication de la politique.
Si Alexis Thambwe et Flory Kabange se résignent et n’agissent pas, ils donneront amplement raison à ceux qui accusent la justice congolaise, non seulement, de fonctionner à double vitesse selon la tête du client, qu’il s’agisse des riches ou des pauvres, des opposants ou des dignitaires du pouvoir, mais également d’être une justice sous la botte des politiques détenteurs du pouvoir.
Georges Ilunga.