L’Office of Foreign Assets Contro (OFAC), organisme de contrôle financier dépendant du Département du Trésor des États-Unis, a sanctionné l’homme d’affaires israélo-congolais Dan Gertler et sa dizaine de sociétés. Il lui est reproché son rôle d’intermédiaire dans le bradage des actifs miniers en RDC. D’après l’Administration Trump, entre 2000 et 2012, la RDC aurait perdu plus de 1,36 milliards de dollars américains à cause de cette corruption à travers la sous-évaluation des actifs miniers vendus à des sociétés offshore liées à Dan Gertler. Et de souligner que l’homme d’affaires a utilisé son amitié avec le président Joseph Kabila pour consolider et protéger ses actions maffieuses.
Souvent, l’évocation de cette relation d’amitié par beaucoup d’ONGs internationales et nationales dans leurs différents rapports, n’est pas anodine. Voilà qu’elle constitue le chou gras de l’Administration Trump. L’adage selon lequel « pour abattre un gros arbre dans la forêt, on l’isole » ne s’est-il pas en train de se réaliser ? L’isolement progressif de Joseph Kabila de son proche entourage avec des sanctions ciblées contre ses collaborateurs, s’inscrit sans doute dans cette logique de le fragiliser en vue de le rendre enfin vulnérable. L’on se rappellera des sanctions contre Evariste Boshab, son ancien directeur du cabinet et ancien vice-premier ministre en charge de l’intérieur et de la sécurité. Du général François Olenga, chef de sa maison militaire. Et dernièrement, du porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, et d’Emmanuel Ramazani Shadary, actuel vice-premier ministre en charge de l’intérieur et sécurité, pour ne citer que ceux-là. S’il est vrai que Dan Gertler a fait perdre 1,36 milliards à la RDC, a-t-il bouffé cet argent seul, sans que son ami protecteur n’en ait bénéficié ? L’innocence est loin de sourire à Joseph Kabila quand on sait que lui et les membres de sa famille biologique sont cités dans plusieurs scandales financiers dont les dossiers Panama Pampers et marché des passeports avec la firme belge Semlex. Ils ont bâti un vaste empire financier dans moins d’années, les accuse-t-on. Sommes-nous ici dans le droit de dire que les Américains qui jusque-là ne tournent qu’autour du pot, finiront par l’indexer et le sanctionner un jour ? L’avenir nous le dira quand bien même les faits sont trop éloquents.
Les sanctionnés en souffrent…
Si les violations graves des droits de l’homme sont le principal grief qui colle à la peau de François Olenga, Evariste Boshab, Kalev Mutond, Célestin Kanyama, Ilunga Kampeta, Gabriel Amisi, Ferdinand Ilunga Luyolo, Lambert Mende…, la corruption est l’accusation persistante contre Dan Gertel. Mais ces deux griefs ont un même barème des sanctions que ce soit chez les Américains que chez les Européens : gel des avoirs et interdiction de voyager. Même si les sanctionnés font apparemment semblant de minimiser l’efficacité de la démarche euro-américaine, ils en souffrent dans leurs peaux.
C’est le cas du général François Olenga dont toute transaction avec son site touristique Safari Beach est prohibée à tout Américain et à toute firme américaine. Aucune ONG financée par USAID ne peut organiser des conférences et retraites, ni loger des partenaires à Safari Beach. Une gymnastique financière s’effectue avec Rawbank, la banque l’ayant accordé des crédits pour ériger ce site touristique.
Evariste Boshab en souffre aussi intérieurement. A un confrère journaliste, il aurait lâché : « c’est une lourde croix que nous portons. Savez-vous que je ne sais pas garder mon argent en banque et même mon salaire de professeur, je le retire à la caisse. Je ne sais visiter mes enfants et les miens, en Europe ». Lambert Mende, n’en parlons pas. Lorsque sa mère, devenue belge, est tombée (malade) récemment en Belgique, il lui a été accordé pour raison humanitaire, un visa d’une semaine, rien que pour le territoire belge et non sur l’espace Schengen.
Ces sanctions euro-américaines qui sont loin de s’arrêter, soufflent à scooprdc.net, les milieux diplomatiques, viseront d‘autres proches de Joseph Kabila. Mais à qui le prochain tour ? Là, nos sources n’ont pas cité le nom.
Owandi.