André Kimbuta, Alphonse Ngoy Kasanji et Julien Paluku en savent assez. Ce trio qui totalise dix ans respectivement à la tête de la ville province de Kinshasa, du Kasaï oriental et du Nord-Kivu. Pour eux, l’histoire se répète. Pour la sixième fois ils se retrouvent avec le chef de l’Etat Joseph Kabila, mais également le premier ministre et certains membres du gouvernement, pour papoter autour des mêmes sujets, notamment la mobilisation des recettes en province, la rétrocession, la retenue à la source de 40%… etc. Mais à sa sixième édition, la conférence des gouverneurs quoique avec thème principal « la mobilisation des recettes propres des provinces et leur structure de dépenses », ne se démarque pas des autres rencontres et ses recommandations n’apporteront rien du tout en termes de gestion financière des provinces et leur autonomie.
On se rappelle, du combat mené par le meilleur des gouverneurs d’alors Moise Katumbi, le terrible fils de l’Equateur José Makila et le porte-parole des gouverneurs Julien Paluku pour que soient finalement respectés les textes légaux. En effet, l’article 175 alinéa 2 de la constitution stipule que « la part des recettes à caractère national allouées aux provinces, est établie à 40%. Elle est retenue à la source », spécifie l’alinéa 3. Malheureusement, près de dix ans après, ce texte de loi est loin d’être respecté. D’Antoine Gizenga, en passant par Adolphe Muzito, Augustin Matata Ponyo, Samy Badibanga et maintenant Bruno Tshibala comme premiers ministres, cette question de 40% n’est jamais résolue. Le pays vit et tourne sur selon les humeurs des uns et des autres qui détiennent une petite parcelle de responsabilité. Pourquoi ne respecte-t-on pas les textes en RDC ? La question mérite d’être posée d’autant plus que si l’on ressasse dans les annales du pays, la RDC est l’un des pays rare qui a des très bons textes, mais qui souffrent d’application.
Voilà qu’une fois de plus le pouvoir en place saupoudre la conscience nationale en inscrivant la question des recettes propres des provinces et leurs structures de dépense dans l’agenda de la conférence de Goma alors que des années durant aucune des résolutions des précédentes conférences en cette matière n’a été mise en application ! Et si l’on se referait à l’article 10 de la loi organique portant modalités d’organisation et fonctionnement de la conférence des gouverneurs qui souligne que cette conférence des gouverneurs devrait se tenir au moins deux fois l’an, on comprend facilement que c’est une entreprise que le gouvernement ne tient pas à cœur. Non sans raison, on n’est qu’à la sixième conférence en dix ans ! Pourquoi alors, jeter par la fenêtre autant de millions en déplaçant des dizaines de gouverneurs et autant de membres du gouvernement pour deux jours de gala au pied du volcan Nyirangongo quand on sait que les retombées ne seront qu’éphémères ? Et dont les bénéficiaires ne se compteront que sur les doigts de la main ? Demain, on entendra encore les jérémiades de ces gouverneurs au sujet de 40% de rétrocession et des financements d’investissements.
JYMAM