Un rapport de 78 pages de Human Rights Watch rendu public le 04 décembre dernier, incrimine le régime de Joseph Kabila d’avoir recruté 200 ex-rebelles du M23, au Rwanda et en Ouganda, pour réprimer les manifestations de septembre 2016 qui se sont soldées par la mort de 62 personnes et des centaines arrêtées. Selon cette ONG, les ex-rebelles du M23 qui ont opéré dans les villes de Kinshasa, Goma et Lubumbashi, ont aidé le président Kabila à se maintenir au pouvoir. Et Pour se faire sérieuse, Human Rights Watch indique que les conclusions de son rapport s’appuient sur plus de 120 entretiens, y compris avec des victimes d’abus, des membres des familles des victimes, des témoins, des activistes locaux, neuf officiers des forces de sécurité congolaises, des responsables du gouvernement et de l’ONU, des diplomates ainsi que 21 combattants, commandants et leaders politiques du M23.
Mais ce rapport de Human Rights Watch que beaucoup de médias ont relayé comme une parole d’Evangile, comporte beaucoup de failles et est sujet de beaucoup de critiques. D’abord au niveau du M23, les dirigeants de cet ex-mouvement rebelle, bien que critiquant les rapatriements effectués par le gouvernement de Kinshasa en violation des Déclarations de Nairobi, ne croient pas à la crédibilité de ce rapport et demande à Human Rights Watch d’approfondir son enquête. En effet, dans son communiqué de presse le même 4 décembre parvenu à scooprdc.net, la direction du M23 réagit officiellement depuis Kampala. Bertrand Bisimwa, président de ce mouvement reconnait que depuis la signature des Déclarations de Nairobi, le gouvernement de Kinshasa a compromis leur mise en œuvre pour s’offrir la liberté d’organiser et de conduire une série des rapatriements unilatéraux et clandestins contraires à l’esprit et à la lettre des engagements du 12 décembre 2013 à Nairobi.
Le M23 qui rappelle le rapatriement forcé de décembre 2014 au camp de BIHANGA en Ouganda au cours duquel 186 ex-combattants ont été acheminés de force à Kamina et à Kitona, et dénonce aussi le recrutement des déserteurs et autres indisciplinés radiés du mouvement, reste tout de même sceptique quant à la crédibilité du rapport lorsqu’il se pose cette question : quelle est la capacité opérationnelle de 200 ex-combattants du M23 à couvrir une vaste étendue équivalant 10.789,72 km2 (Kinshasa : 9.965 km2, Lubumbashi : 747 km2, Goma : 75,72 km2) ?
scooprdc.net qui n’applaudit pas les mauvaises actions du gouvernement de Kinshasa et refuse de se faire conditionner, a fait tout de même sien ce questionnement du M23, vu la subjectivité qui caractérise le rapport de cette ONG américaine. En effet, s’il faut admettre que 200 ex-M23 ont été recrutés rien que pour réprimer les manifestations, cela suppose qu’ils ont été largués à raison de 63 dans chacune de ces trois villes. Mais que fera alors cet effectif à Lubumbashi, même à Goma si petite avec ses deux communes ? Même si l’on amenait tous les deux cents à Kinshasa, quelle efficacité auront-ils sur les 24 communes de la ville ? Là où le rapport de Human Rights Watch se rend léger et moins crédible c’est lorsqu’il souligne que ses conclusions s’appuient sur plus de 120 entretiens, y compris avec des victimes d’abus, des membres des familles des victimes, des témoins, des activistes locaux, des responsables de l’ONU, des diplomates…
Comment et par quel mécanisme les victimes d’abus et les membres des familles des victimes à Kinshasa et à Lubumbashi ont-ils pu découvrir l’identité de leurs bourreaux ? Quel crédit à ces victimes qui sont juges et parties ? Quelle crédibilité accordée à des activistes locaux qui n’ont jamais acclamé ne fut-ce qu’une petite bonne action du gouvernement ? Qui sont ces responsables de l’Onu interrogés alors que celle-ci est une nébuleuse en RDC ? Même les responsables gouvernementaux et de services de sécurité évoqués, sont-ils de quelle obédience, ne sont-ils pas des aigris du régime ?
Ce qui est vrai, madame Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique de Human Rights Watch, s’est érigée depuis un certain temps, mais surtout depuis son refoulement et le refus des autorités de la RDC de lui accorder le visa de séjour, en véritable opposante du régime de Kabila plus que même Félix Tshisekedi, Martin Fayulu et Moise Katumbi. Animée par une haine viscérale contre le président Joseph Kabila, tout est noir pour elle en RDC qu’il faille développer une industrie de diabolisation comme ce rapport qui discrédite à tous égards Human Rights Watch.
Owandi.