Loi électorale truquée par la MP : les ministres de l’opposition au gouvernement Tshibala rougissent les yeux !

Ils ont la rage dans la gorge mais ne l’extériorisent pas. Ils ont les larmes dans les yeux mais se gênent de les couler. Ils grognent mais reniflent pour l’instant comme des buffles blessés. C’est le moins qu’on puisse dire de l’attitude des ministres opposants au gouvernement Tshibala (José Makila, Jean-Lucien Busa, Steve Mbikayi, Ingele Ifoto, Lumeya, Justin Bitakwira, Marie-Ange Mushebekwa, Jean-Pierre Lisanga…) après le vote à l’Assemblée nationale du projet de loi électorale. Ils sont victimes d’une dribble de la Majorité. En effet, d’après l’information parvenue à scooprdc.net et bien vérifiée, le texte présenté à l’Assemblée nationale s’est écarté totalement des options convenues dans un climat serein, au cours d’une réunion stratégique tenue le 7 octobre dernier et où ont siégé les membres de la Commission gouvernementale chargée d’harmoniser les vues sur certains points divergents dans la loi électorale. L’Opposition gouvernementale regrette que le texte voté soit un autre et aménage le lit à la Majorité présidentielle, particulièrement au PPRD pour dominer la scène politique congolaise. Ce n’est ni moins ni plus un hold-up électoral.

Les ministres de l’Opposition et le président du CNSA, Joseph Olenghankoy, en réunion extraordinaire ou mieux de crise hier mardi 05 décembre, ont accusé le premier ministre Bruno Tshibala de jouer  le jeu de la Majorité. Il est reproché à ce dernier de n’avoir pas élevé la voix pour condamner la substitution du texte de la loi par son vice-premier en charge de l’intérieur, Emmanuel Shadary. Certains ministres qui s’en foutent de perdre leur poste, sont déterminés de rendre publique une déclaration de désapprobation de la loi votée. Mais d’autres préfèrent se soumettre d’abord à l’arbitrage du chef de l’Etat que le président du CNSA, Joseph Olenghankoy, souhaite rencontrer quant à ce.

A qui profite réellement le seuil de représentativité ?

Dans sa huitième tribune publiée en février 2016 et intitulée « la RDC : un royaume d’aveugles conduit par des borgnes », l’ancien premier ministre révélait qu’en 2006, la Majorité présidentielle avec le PPRD, le PALU, le MSR, les Forces du renouveau et l’Udemo, totalisant 197 sièges, avait réalisé 39,4%. Tandis que le MLC, le RCD, la CDC, la CODECO et les indépendants qui avaient au total 162 sièges, représentaient 32,4% à l’Assemblée nationale. Les autres partis dans l’individualité ont occupé 141 sièges représentant 28,2% à la Chambre basse. Adolphe Muzito fait ainsi remarquer sur environ 200 partis politiques à l’époque, cinq de la Majorité présidentielle n’ont représenté que 39,4% et que cette Majorité était assise sur plusieurs partis politiques et des indépendants, option qui a été de nature à diluer l’unité de commandement de ladite Majorité.

En 2011 avec au moins 40 partis politiques, les principaux partis de la Majorité (PPRD, MSR, PALU, AFDC, ARC) ont obtenu 139 sièges, soit 27,8%. Tandis que les principaux partis de l’opposition (UDPS, MLC, UNC) avec 80 sièges, représentent 16,0%. Pendant ce temps, le PPPD, les indépendants et les autres petits partis ou partis fantômes, ont obtenu 281 sièges, soit 56,2%. Et pour constituer la majorité parlementaire les cinq principaux partis de la Majorité présidentielle se sont appuyés sur des petits partis et des indépendants. Ce qui fait que la Majorité présidentielle s’est avérée une nébuleuse dépourvue de tout fondement idéologique mais préoccupée que par le partage du pouvoir.

Même constat du côté de l’opposition qui a du mal, à cause de l’émietement de l’électorat, à se constituer en force à l’Assemblée nationale.  Cette situation pose le problème de la représentativité de principaux partis politiques dans le corps électoral et donc de la légitimité de grands partis politiques du pays. D’où l’exigence du seuil en vue de lutter contre l’immoralité politique affichée par les petits partis et les indépendants. Ceci pourrait paraitre une aubaine pour les grands partis de la Majorité comme de l’opposition qui se constitueront en véritables forces à l’Assemblée, en défaveur des partis politiques et des indépendants qui d’office, seront en mauvaise posture si la loi passait avec l’exigence de seuil de représentativité de 1%.

Ginno Lungabu

  • Bendélé Ekweya té

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