Les deux candidats en compétition pour occuper le fauteuil du Bâtiment Administratif de la ville de Kananga sont devant la justice pour solliciter l’annulation de candidature de l’un comme de l’autre. Jeudi dernier au chef-lieu de la province, la Cour d’appel siégeant en matière de contentieux électoral, a écouté l’argumentaire de chaque candidat représenté par son conseil. En effet, l’ancien ministre des sports et loisirs, également président de la Fondation Grand Kasaï, candidat sur la liste de la Majorité présidentielle, sollicite auprès de la cour d’appel l’invalidation de la liste de Martin Kabuya pour avoir aligné Jérôme Muntu Woma comme son colistier. Par la bouche de ses avocats, Denis Kambayi, soutient que ce colistier de Kabuya est un membre de la Majorité présidentielle car, appartenant à l’Union des Congolais pour le Progrès (UCP), parti d’Eugène Serifuli est membre de cette plateforme politique. Selon Denis Kambayi, lui ayant été présenté par la MP, le mariage adultérin entre Kabuya qui est de l’opposition et Muntu Woma de la MP, viole la loi.
Réponse du berger à la bergère, le député national Martin Kabuya, aussi par la bouche de ses avocats, a demandé à la Cour, ce après avoir brandi la lettre de démission de Jérôme Muntu de l’UCP datant d’avril 2016, l’invalidation de la liste de Kambayi pour avoir fait un ticket avec le député provincial Manix Kabuanga. Ce dernier est du Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, un parti de l’opposition qui n’est pas membre de la Majorité présidentielle.
Comme pour couper la poire en deux, le ministère public a demandé dans son réquisitoire aux juges de la Cour qui doivent rendre leur jugement, sauf changement de dernière minute ce lundi 4 décembre, de déclarer irrecevable l’action entreprise par la MP faute de personnalité juridique et de rejeter la plainte de Martin Kabuya si l’on se base sur les explications de la Ceni. Comme pour, à l’instar de Ponce Pilate devant Jésus, se laver les mains et les laisser concourir tout de même. Vive l’arbitraire !
Tous les coups bas sont permis pour diaboliser l’adversaire…
Dans cette course pour devenir gouverneur du Kasaï central, les deux candidats n’hésitent pas à se diaboliser et chercher les soutiens de tous bords. Les proches de la MP Kambayi qui soudoient la presse, présente Martin Kabuya comme l’un des commanditaires de la milice Kamuina Nsapu qui a causé la désolation dans l’espace grand Kasai. Ils le présentent comme le candidat de Bruno Tshibala et les traitent tous deux de « traitre » de l’UDPS.
De leur côté, les proches de Martin Kabuya qualifient Kambayi d’importé de la diaspora kinoise et l’accusent d’être le chef des bandes des kuluna qu’il risque d’amener à Kananga. On lui fait même porter le chapeau de l’incendie et meurtre des militants à la permanence de l’UDPS lors des tristes évènements de septembre 2016. En termes de soutien à sa candidature, le candidat Kabuya a dans sa gibecière le communiqué du MLC qui dénonce la validation par la CENI du ticket Kambayi-Kabuanga et sollicite des juridictions compétentes la rectification de la tricherie. Il a également la lettre de recommandation de Bruno TShibala qui signe comme secrétaire général adjoint de l’UDPS chargé du Rassop et porte-parole du Rassemblement, adressée à Joseph Olenghankoy. Ce dernier, en sa qualité du président du Conseil de sages du Rassop/Kasa-vubu, a informé sous forme de recommandation au secrétaire de la MP, Aubin Minaku, la candidature de Kabuya comme gouverneur du Kasaï central. Enfin, Martin Kabuya brandit le mémorandum adressé à Aubin Minaku, cette fois-ci comme président de l’Assemblée nationale, portant motion de soutien des députés nationaux, une centaine de toute tendance confondue, à la candidature de l’honorable Martin kabuya Mulamba au poste de gouverneur de province du Kasaï central.
De la bonne guerre…mais somme toute, le jeu devra véritablement se jouer au Capitole, siège de l’Assemblée provinciale de cette province. Vers qui se pencheront les grands électeurs impayés et affamés depuis plus de huit mois ? L’aubaine étant favorable pour eux de se faire une petite santé financière, il y a doute que le bon sens les habite. Voyons voir le 21 décembre prochain, jour de l’élection.
Ginno Lungabu.