La Gécamines a réagi, jeudi 23 novembre, soit trois semaines après, au rapport du Centre Carter critiquant le secteur minier en RDC. Intitulé « Affaire d’Etat : privatisation du secteur du cuivre en RDC », ce rapport accuse la Gécamines d’avoir perçu et dépensé des sommes d’argent importantes, sans réel mécanisme de contrôle interne ou externe ; de n’avoir pas contribué de façon notable au budget de l’Etat, ni à son propre redressement ; d’avoir employé même ces sommes d’argent à des fins détournées ; et d’avoir bénéficié d’un traitement dérogatoire. Mais dans son communiqué de presse publié jeudi dernier, la Gécamines qui dit avoir analysé méticuleusement les termes de ce rapport, estime que l’ONG américaine a éludé les vraies questions et a ménagé les bonnes cibles. Elle reproche ainsi au Centre Carter trois faiblesses fondamentales à travers son rapport : une exploitation opportunément approximative des chiffres et données ; une description partielle et orientée du statut de l’entreprise et une vision idéologique du secteur minier en RDC.
S’agissant de l’exploitation opportunément approximative des chiffres et données, la Gécamines regrette que le Centre Carte ait proféré des accusations aussi graves contre elle sur la foi d’estimations manifestement erronées. Pendant que le rapport s’acharne à démontrer que des revenus seraient incomplètement déclarés, la Gécamines soutient que l’intégralité des revenus perçus par elle, est fidèlement retranscrite dans les comptes de la société. Pour la géante minière, les calculs avancés par le Centre Carter pour démonter une disparition de 750 millions USD, qui se basent sur les déclarations ITIE et les paiements déclarés publiquement par les entreprises partenaires, sont donc faux.
Rectifiant les erreurs et contre-vérités du rapport Centre Carter, la Gécamines indique dans son communiqué que les revenus des partenaires sur la période 2009-2014 s’élèvent à 1.294.125.346 USD, soit 281 millions USD des revenus attribués à tort à la Gécamines. Cette dernière soutient que sa contribution au budget de l’Etat sur la période 2009-2014 s’élève à 372.122.443 USD, soit 28,5% des revenus de ses partenaires (100 fois plus que le chiffre annoncé dans le rapport). Parlant de son investissement, la Gécamines indique qu’il est de 860.873.898 USD entre 2010 et 2014 dans le rachat d’actifs stratégiques, dans la réalisation d’investissements directement productifs, ainsi que dans la certification de réserves de sorte à préparer ses projets futurs. La réduction de son endettement a été de 10% entre 2010 et 2014. La dette sociale de près 51.300.000 USD a été apurée à 100% pour les agents d’exécution et 93% pour les cadres. 45 millions USD ont été mobilisés pour le départ en retraite de près de 2.300 agents depuis 2015.
Quant à la description partielle et orientée de son statut, la Gécamines s’étonne que le rapport dénonce les privilèges exorbitants du droit commun qu’elle bénéficierait et ayant pour effet la distorsion de la concurrence entre les opérateurs, alors que la quasi-totalité de la production minière est aujourd’hui dévolue aux partenaires extérieurs. Ce qui fait, se défend-elle, que son impact est minime sur la concurrence entre les opérateurs.
Enfin, considérant comme une vision idéologique, la recommandation lui faite par le Centre Carter d’abandonner son statut de producteur pour celui de gestionnaire de portefeuille de participations minoritaires, la Gécamines fait voir que telle recommandation, formulée et mise en œuvre depuis près de 15 ans, a conduit à l’appauvrissement de la RDC par la captation par des partenaires extérieurs des revenus tirés de l’exploitation de ses ressources minières. Elle ajoute que ses participations minoritaires ne produisent pas de dividendes depuis près de 15 ans, alors que certains partenaires génèrent un chiffre d’affaires de plusieurs milliards de dollars américains.
La Gécamines s’étonne que les pratiques et les politiques de gestion des partenaires extérieurs ayant pour effet de minorer artificiellement les résultats, ne soient jamais dénoncées par le Centre Carter et autres ONG et ne soient encore moins l’objet de leurs rapports.
Ginno Lungabu.