S’il y a une police et un service d’intelligence qui se font eux-mêmes mal coter, c’est ceux de la République Démocratique du Congo. Est-ce par excès de zèle ou pour insuffisance de formation ? Les deux hypothèses peuvent prévoir à voir comment la police nationale congolaise (PNC) et l’Agence nationale de renseignements (ANR) interviennent souvent pour réprimer et créer des scandales même là où il ne le fallait pas. Pourtant, depuis sa réforme d‘il y a plus de dix ans, la Police nationale congolaise bénéficie d’une assistance d’au moins sept partenaires étrangers : l’Union Européenne (pour la modernisation de la gestion des ressources humaines et la construction des infrastructures) ; la Coopération Britannique, DFID, (dans la formation de police de proximité) ; la Coopération Japonaise, JICA, (dans plusieurs formation de base à longue durée) ; les Etats-Unis (dans la formation de la police de frontières et de mines) ; la Coopération Française (dans le maintien et rétablissement de l’ordre, la police fluviale et la police judiciaire) ; la Coopération Allemande (dans la formation des officiers de police judicaire à la protection de l’enfance et la lutte contre les violences basées sur le genre) ; et enfin le PNUD (dans la formation de police de proximité).
Mais malgré des millions de dollars et euros dépensés par ces partenaires, la prestation des éléments de la Police nationale congolaise est l’objet de beaucoup de critiques. Tenez, c’est cette PNC et cette ANR qui ont fabriqué et rendu inutilement célèbres les jeunes congolais des mouvements citoyens : Fred Bauma, Yves Makwambala, Rebecca Kavugho, Constant Mutamba, Marie-Joëlle Essimbo…et ce n’est pas tout, elle vient de rendre célèbre depuis le 15 novembre la jeune fille Binja Yalala, une mineure de 15 ans, séquestrée et violentée à Idjwi pour avoir marché contre le régime (voir photo ci-haut). Qui allait, dans le monde, connaitre cette petite villageoise habitant dans une île du Sud-Kivu si la Police pourtant formée au moyen des appuis de plusieurs partenaires internationaux n’était pas maladroitement intervenue? Est-ce qu’une petite marche comme celle-là dans une île perdue sur le lac Kivu dans les encablures voisine du Rwanda à plus de deux mille Kilomètres de la capitale Kinshasa, peut-elle vraiment éclabousser le régime ? Si la Police n’était pas intervenue à Kenge pour disperser le meeting hier samedi de l’Envol de Delly Sesanga d’ailleurs tenu à son siège, qui allait savoir que ce parti de l’opposition organisait un meeting ? Cet incident qui fait maintenant du buzz dans les réseaux sociaux et autres médias traditionnels et retombe malheureusement sur le président Joseph Kabila, allait passer inaperçu.
En effet, tout se résume en une police répressive des manifestations et qui tracasse la population. Souvent déclarée apolitique, mais bizarrement les officiers (généraux, colonels, majors…) ne servent pas de modèle de cet apolitisme. L’on se rappellera des déclarations du général Sylvano Kasongo mardi 14 novembre dernier, quand il prévenait la population kinoise sur l’appel à la ville morte lancé par le mouvement citoyen la Lucha. Du haut de son titre de général, cet ancien Kadogo de l’Afdl, s’est illustré par une déclaration peu commode vis-à-vis de son rang, nous le citons : « la police va disperser tout attroupement de cinq personnes et nous serons sans pitié », fin de citation. Ce qui fait croire à une certaine opinion que la RDC est loin d’avoir une police républicaine et professionnelle, moins encore un service de renseignements véritablement digne de l’être.
Pourquoi la Police ne peut-elle pas être préventive et canalisatrice des manifestations au lieu d’être toujours répressive ? Une véritable réforme s’impose !
Georges Ilunga