Publication du calendrier électoral : la CENI sous pression, mais tous hypocrites !

Pression sur pressions, les membres de la plénière de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), le sentent exercées sur eux. Ils vivent le calvaire depuis maintenant 48 heures. Faut-il, oui ou non, publier ce calendrier électoral ? D’après des sources mieux informées auprès de la hiérarchie de la CENI, toutes les parties prenantes dans le processus électoral en RDC, quand bien même elles parlent des élections, elles ne veulent pas, à dire vrai, de ces élections. L’ancien premier ministre Adolphe Muzito qui a eu le courage de le dire haut, l’a déclaré dans une interview accordée à notre confrère Le Point Afrique et publiée ce 05 novembre : « la classe politique est hypocrite, elle n’est pas prête pour les élections. L’opposition n’a pas d’ancrage populaire partout sur le territoire congolais ; la majorité, pour sa part, a peur parce qu’elle n’a pas un bon bilan. Les principaux partis politiques de l’opposition et de la majorité, tous réunis, ne dépassent pas le seuil de 44 % au Parlement. Les principaux partis de l’opposition ne représentent que 20 % de l’électorat national. Pour ces raisons, le jour où les deux camps se retrouveront ensemble pour se partager le « butin », ils prorogeront encore les délais pour les élections ».

Par conséquent, c’est la publication du calendrier qui fait le frais de leurs turpitudes. En effet, les tendances divergent de par la position qu’occupent les uns et les autres dans la marche de la République. Si pour la Majorité au pouvoir, c’est au technicien Corneille Nangaa que revient la destinée du pays quant à la tenue ou non des élections dans le délai, avec à la clé les 504 jours estimés qui font son affaire, l’opposition quant à elle se sentirait plutôt prise à dépourvu faute de moyen conséquent pour un challenge qu’elle juge truffé d’avance par les adversaires politiques.

D’après des sources proches de la CENI sondées par scooprdc.net, la pression est de plusieurs natures. D’abord, tout part de la visite de Nikki Haley en RDC. A suivre de fil à aiguille la visite de cette ambassadrice des Etats-Unis aux Nations Unies, on est en droit d’affirmer le rôle combien important que joue la CENCO dans le processus électoral. Tout part de là ! Des composantes qui se sont entretenues avec Nikki Haley, la CENCO était la première, et au sortir de cette rencontre, l’émissaire américain  est allé recadrer la CENI en ce qui concerne la suite du processus électoral. 2018, c’est l’année fourchette où tout devrait se clôturer, notamment la fin du glissement congolais érigé en mode de gestion par la Majorité présidentielle, pour faire perdurer les ultimes heures de Joseph Kabila à la tête du pays. Mais d’où lui venait l’idée d’émettre l’année 2018 ? En effet, selon des informations glanées par les fins limiers de scooprdc.net, les pères de l’église catholique lassés de la situation voulue par le pouvoir, ont mis la puce à l’oreille de Nikki Haley pour que le glissement s’arrête avant fin 2018. Ce qui est désormais en train de se faire, injonction émanant de la grande puissance, et pas la moindre : les Etats-Unis d’Amérique. Les angles s’arrondissent de soi et les ardeurs se recroquevillent…

Contrainte de raccourcir finalement le calendrier !

Plusieurs analystes et observateurs de la vie politique congolaise se posent toujours la question de savoir, pourquoi tout ce que dit la CENI de Corneille Nangaa est automatiquement accepté par la Majorité au pouvoir ? L’on se rappelle des 504 jours que proposait le président de la CENI pour l’organisation des élections. Quel n’a pas été l’engouement des communicateurs de la famille politique du chef de l’Etat pour vanter la technicité de l’expert Nangaa. Mais depuis la visite de Nikki Haley, une douche froide est passée par là et tout doit être fait dans ce carcan de 2018 imposé par les USA et qui aurait peut-être fait fléchir le chef ?

Voilà pourquoi, depuis 48 heures, le travail d’adaptation du calendrier à l’injonction de 2018, prend du temps. Mais, ce n’est pas seulement cela, la pression est aussi de la part des politiques congolais eux-mêmes. Beaucoup ne veulent pas de ces élections dans un bref délai. scooprdc.net prend pour preuve, le chapitre IV point 2 de l’accord de la saint sylvestre. En effet, cet article stipule dans son alinéa 2 que «  toutefois, le Conseil National de Suivi de l’Accord et du processus électoral, le gouvernement et la CENI peuvent unanimement apprécier le temps nécessaire pour le parachèvement  desdites élections ».  Ils s’étaient tous convenus de prendre du temps. Aujourd’hui, pris à dépourvu, ils pensent déjà aux nouvelles stratégies pour contourner ces élections comme leurs adversaires de la Majorité, en se cachant tous derrière l’adverbe « toutefois ». Une crainte cependant, il ne faut pas que ce calendrier soit un mort-né comme ses prédécesseurs.

JYMAM

  • Bendélé Ekweya té

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