Un rapport du Centre Carter publié, jeudi 02 novembre, depuis Atlanta aux Etats-Unis, met en cause la gestion de la Gécamines. Intitulé « Affaire d’Etat », ce rapport est le résultat de plusieurs années de recherches sur les pratiques contractuelles et financières de la Gécamines et ses partenaires d’investissement les plus importants. L’étude a reposé sur 200 entretiens, un examen de plus de 100 contrats miniers, au moins 1000 documents d’entreprise, ainsi que sur les rapports de l’ITIE couvrant la période 2007-2014. A lire ce rapport, la Gécamines fonctionne en tant qu’Etat parallèle. Et avec cette position, révèle le rapport, elle a pu générer entre 2011 et 2014, 1,1 milliard de dollars américains. De ce montant, 750 millions ne sont pas retracés de manière fiable dans les registres de l’entreprise.
Toujours grâce à sa position privilégiée d’un Etat parallèle, la Gécamines, indique ce rapport, a généré des revenus considérables par le biais de ses partenariats, en moyenne 262 millions de dollars US par an en royalties, bonus et autres frais contractuels durant la période 2009-2014. Ces revenus ne sont pas destinés au trésor public et sont largement hors du contrôle public.
Accusant la Gécamines d’avoir refusé de publier des contrats pour plusieurs transactions minières qui pourraient avoir générées plus d’un demi-milliard de dollars en 2016-2017, le Centre Carter craint qu’avec les élections qui pointent à l’horizon, des conditions soient réunies pour de nouvelles ventes non déclarées et pour d’éventuels détournements de fonds.
Il y a lieu de rappeler que dans son rapport intitulé « distributeur automatique » publié en juillet dernier, Global Witness faisait aussi état de 750 millions de dollars versés par les entreprises à des organisations étatiques en République Démocratique du Congo et qui auraient échappé au trésor public entre 2013 et 2015. D’après Global Witness, les témoignages et des documents recueillis laissent penser qu’une partie de cet argent normalement destiné à la Gécamines, a été redistribué au sein d’un réseau de personnes corrompues entretenant des liens avec le régime en place à Kinshasa.
Ginno Lungabu