A la cérémonie du vernissage du livre, vendredi 20 octobre, du professeur Jean-Louis Esambo intitulé « le Droit congolais des marchés publics, tous les officiels conviés à se procurer cet ouvrage du juge de la Cour constitutionnelle, l’ont acheté en dollars américains. Les fins limiers de scooprdc.net n’ont vu personne parmi ces autorités congolaises débourser l’équivalent de ce prix en monnaie locale. Tous étaient fiers, très fiers même de sortir les billets verts de leurs vestes. Ce comportement est identique chez tous les officiels dans leurs transactions et autres manifestations solennelles où ils sont conviés (concerts, fêtes de mariage, sponsoring…)
Or, après le lancement du moins réussi en juillet 2012 de nouvelles coupures de Francs congolais à faciale élevée (5, 10 et 20 mille), le gouvernement Matata s’était fixé à partir de septembre de la même année, un nouveau pari. C’était celui de dédollariser l’économie congolaise. Il s’agissait de la volonté de rétablir le FC dans ses fonctions les plus nobles. Ainsi, une série des séances avec le patronat des entreprises, l’Association des banques a été initiée pour que la monnaie américaine cesse son influence dans les transactions, en faveur de la monnaie locale.
Au premier plan de cette bataille, Daniel Mukoko Samba, l’actuel Directeur général de la SCPT, ex-Onatra, alors à l’époque vice-premier ministre en charge du Budget. Une campagne a été même menée pour que les prix des biens et services sur toute l’étendue du pays soient affichés en FC. Mais les premiers à tuer cette mesure, les membres du gouvernement Matata eux-mêmes qui se comportaient en mauvais élèves. Comme les dirigeants actuels, ils préféraient bourrer les poches de leurs costumes avec des billets verts que de francs congolais. Ce qui a fait que cette mesure n’a pas eu un suivi adéquat et comme conséquence, la vie sociale et économique des Congolais devient de plus en plus fortement dollarisée. La RDC est loin d’être comme le Rwanda ou l’Ouganda, ses deux voisins où toutes les transactions se font en monnaie locale.
D’après le Fonds monétaire international (FMI), la RDC a besoin d’une stabilité macroéconomique et des institutions financières fortes pour dédollariser son économie. Allusion particulière faite à la Banque centrale du Congo (BCC). En effet, la dollarisation est observée dans presque tous les pays caractérisés par une inflation élevée et variable où la substitution monétaire constitue un processus dynamique qui se résume à la circulation conjointe de plusieurs monnaies au sein d’un même espace économique.
En RDC, on estime à 90 % les dépôts qui se font dans des banques commerciales en dollars américains et à 95 % les crédits bancaires libellés dans la même monnaie. A ce rythme, le pauvre franc congolais sera et restera toujours l’esclave de l’empereur dollar, comme l’a surnommé le premier ministre Bruno Tshibala. Et il sera difficile à ce dernier de ramener le taux à 1.000FC voire en deçà pour un dollar, comme il a promis dans sa dernière conférence de presse.
Ginno Lungabu