Alors que légalement il n’existe plus depuis 2011, à la faveur de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP), le Bureau Central de Coordination (BCECO) fait la résistance et zappe la loi instituant l’ARMP avec comme mission d’assurer, en République Démocratique du Congo, la régulation du système de passation des marchés publics et des conventions de délégations de service public. Mais force est de constater que jusqu’à ce jour, c’est BCECO qui régente un ensemble des dossiers importants dans ce domaine, surtout les dossiers d’appel d’offre international.
Mais comme si cela ne suffisait pas, cette structure marche sur les plates-bandes du gouvernement provincial de Kinshasa. En effet, les documents que détient scooprdc.net émanant de la Direction du Trésor et d’Ordonnancement (DTO), démontrent par exemple que pour la seule date du 20 février 2017, le BECECO, dans des ordres de paiement différents, a perçu près de 4,5 millions au titre de financement d’assainissement de la ville de Kinshasa. Ci-dessous ces opérations de retrait établies par la DTO :
- le 20 février 2017, numéro d’ordre de paiement : 741114, objet dépense : regul./paiement en faveur de BCECO au titre de financement d’assainissement de la ville de Kinshasa/mois d’octobre 2016 svt lettre, montant : 1.117.579 usd, numéro dossier : 802254.
- le 20 février 2017, numéro d’ordre de paiement : 741115, objet dépense : regul./paiement en faveur de BCECO au titre de financement d’assainissement de la ville de Kinshasa/mois de septembre 2016 svt lettre, montant : 1.117.579 usd, numéro dossier : 802257.
- le 20 février, numéro d’ordre de paiement : 741160, objet dépense : regul./paiement en faveur de BCECO au titre de financement d’assainissement de la ville de Kinshasa/mois d’octobre 2016 svt lettre, montant : 1.117.579 usd, numéro dossier : 802652.
- le 20 février 2017, numéro d’ordre de paiement 741378, regul./paiement en faveur de BCECO au titre de financement d’assainissement de la ville de Kinshasa/mois de juillet 2016 svt lettre, montant : 1.117.579 usd, numéro dossier : 802516.
A dire que ces données ne sont qu’un échantillon. D’autres retraits ont été et continuent à être effectués sous cette rubrique. Mais ce qui tique dans tout ça, ce que le gouvernement provincial de Kinshasa, responsable premier de la gestion de l’assainissement de la ville n’est pas associé à ces travaux d’assainissement, s’ils existent réellement. Le BCECO ne lui dit pas ce qu’il fait et ne lui fait pas des comptes. Bref, le Haut sommet André Kimbuta est zappé, ne sent pas l’odeur de cet argent et ne sait pas non plus à quoi il est affecté. .
Mais qui protège le BCECO ?
Créée le 08 août 2001 par décret présidentiel n°039/2001, le BCECO était une institution publique dont le principal objectif était de répondre au défi d’assurer une utilisation rapide et efficiente des ressources financières extérieures octroyées au gouvernement congolais sous forme de dons et de crédit, et destinées à financer des projets d’intérêt public dans tous les secteurs de la vie nationale. Placé sous la tutelle du Ministère des finances, son premier directeur général fut Augustin Matata. Lorsque ce dernier passe ministre des finances, il a une réelle mainmise sur cette institution. Lorsque Matata Ponyo devient premier ministre, il nomme un ministre-délégué aux finances qui, en réalité n’est qu’un figurant. Or, le ministère des finances dans la gestion de certains dossiers d’appel d’offre dépend du premier ministre. Augustin Matata n’a jamais lâché cette institution. Et aujourd’hui dans le sillage de la présidence toujours dans le secteur financier ; vous avez tout compris !
Dans son exposé, samedi 20 octobre, à l’occasion du vernissage de son livre intitulé « le droit congolais des marchés publics », le professeur Jean-Louis Esambo, juge à la Cour constitutionnelle et ancien directeur de cabinet adjoint au ministère de l’intérieur a déclaré que « les marchés publics sont un domaine dans lequel l’immoralité a élu domicile ». Non sans raison, le cas du gouvernement de Kinshasa n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Il y a ce dossier de 7 passerelles qui devaient être érigées sur le boulevard Lumumba. Pour ce faire, la société Zénith choisie par le BCECO de Matata Ponyo a touché 10,5 millions de dollars sur les 12 millions convenus et l’ouvrage devait se faire en huit mois. Depuis juillet 2015, seulement trois passerelles ont été érigées et à peine une quatrième est en voie de finition à Kingasani. D’après les informations parvenues à scooprdc.net, les 10,5 millions ont subi une opération retour. Situation que le professeur Luzolo Bambi, conseil spécial du chef de l’Etat en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, a dénoncé et pour laquelle il transmis le dossier au procureur général de la république pour des poursuites judiciaires. Flory Kabange, engagera-t-il des poursuites ? Wait and see, comme nous conseillent les Anglais.
Owandi