La RDC au CNUDH : victoire et corde au cou pour les autorités congolaises

La candidature de la République Démocratique du Congo au Conseil des nations unies des droits de l’homme (CNUDH) était l’objet de contestation de la part de beaucoup d’ONG internationales et nationales des droits de l’homme. Celles-ci s’étant liguées avec certains pays occidentaux dont les Etats-Unis d’Amérique, ont milité pour que l’Onu prive la RDC de ce privilège, estimant que le pays de Joseph Kabila n’est aucunement un modèle en matière de respect des droits de l’homme. Mais malgré leur forte mobilisation, leur lobbying a lamentablement échoué. La RDC a obtenu près de 80% de voix de votants.

Ceci a suscité un coup de gueule des Etats-Unis qui, par la bouche de Nikki Haley, son ambassadeur permanent aux Nations Unies, ont déclaré que l’élection de la Rdc au sein de cette institution est une preuve de plus du manque de crédibilité du Conseil des droits de l’Homme et de la nécessité de le réformer afin de le sauvegarder. Parlant de la Rdc, Nikki Haley n’a pas porté des gants pour affirmer : « ce pays connu pour sa répression politique, sa violence faite aux femmes et aux enfants, ses arrestations et détentions arbitraires, ses homicides et disparitions illégales, a été élu pour travailler au sein de l’institution la plus importante pour les droits de l’Homme. Et quand des pays du groupe Afrique avancent la candidature d’un pays comme la République démocratique du Congo pour qu’il devienne membre du Conseil des droits de l’homme, cela n’affaiblit pas seulement cette institution, mais alimente également le conflit qui provoque tant de souffrances sur ce continent.  Les droits de l’Homme sont trop importants pour laisser un système dépassé continuer à exister sans être contrôlé ni réformé ».

Vociférant comme d’autres ONG des droits de l’homme, Human Right Watch a, dans un communiqué, qualifié tout simplement l’élection de la RDC au Conseil des droits de l’Homme d’insulte à l’endroit de nombreuses victimes des abus commis par le gouvernement congolais à travers le pays.

Certes, l’élection de la RDC au CNUDH est une grande victoire des autorités congolaises qui ont su dans cette bataille diplomatique, montrer à la face du monde que la RDC n’est pas un enfer comme on la présente. C’est un pays exceptionnel où l’on peut compter plus de 500 partis politiques, plus de 50 chaines de télévisions et au moins 80 stations de radio rien que pour la capitale. Le tout couronné par la liberté d’expression qui tolère même que le l’Etat soit sévèrement critiqué dans la presse par les opposants qui, souvent, versent dans les injures à son endroit. Franchement c’est une victoire et un honneur pour le régime Kabila, accusé de violations graves des droits de l’homme dans toutes leurs formes. N’en déplaise aux ONG des droits de l’homme et leurs partenaires, c’est bien la fête dans le camp du pouvoir à Kinshasa.

Cependant, c’est une fête sans être véritablement une fête. Car, le plat à manger s’il n’est pas amer, il est aigre. Non sans raison, en acceptant  de siéger au CNUDH, la RDC ou mieux les autorités congolaises se sont mis une corde au cou. En effet, en devenant membre de cet organe de l’Onu, la RDC est contrainte, primo à prêcher par l’exemple. Par-là, le régime de Kabila doit éviter les violations sordides des droits civils et politiques, les arrestations arbitraires des protestataires, les répressions sanglantes et autres traitements dégradants. Secundo, les autorités de Kinshasa sont contraintes à coopérer étroitement avec l’Onu, notamment en acceptant toutes les enquêtes sur le territoire congolais. Or, les enquêtes à diligenter qui éclaboussent le régime Kabila sont nombreuses : les massacres de deux experts de l’Onu, du Kasaï avec l’affaire de 83 fosses communes, de Beni, les représailles de Kinshasa lors des marches de janvier 2015 ayant occasionné la fosse commune de Maluku… Et toutes ces contraintes constituent un véritable devoir à domicile pour les autorités de Kinshasa.

Owandi.  

  • Bendélé Ekweya té

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