Samedi 13 février 2016, au cours d’un échange avec les institutions provinciales de Kinshasa, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Corneille Nangaa indiqua que l’opération de révision du fichier électoral pourrait durer au minimum seize ou dix-sept mois.
Samedi 21 mai 2016, au cours d’une réunion du cadre avec les institutions politico-administratives au Palais du Peuple, Corneille Nangaa, déclara que le coup d’envoi de la révision du fichier électoral avait été lancé depuis le 10 février 2016 et que cette activité d’enrôlement des électeurs allait se faire pendant 16 mois. A tout celui qui voulait l’entendre à l’époque, M. Nangaa laissait entendre et répéter qu’il lui faillait 16 mois, soit 485 jours, pour bien organiser cette opération d’enrôlement.
Invité le 06 septembre 2016 pour faire l’évaluation du processus électoral, le président de la Centrale électorale soutint, dans un exposé d’une heure, sa thèse du glissement du calendrier électoral devant les 280 délégués au dialogue à la Cité de l’Union Africaine en précisant que la refonte du fichier électoral qui avait déjà démarré dans la province du Sud-Oubangui depuis le 31 juillet 2016, durera 16 mois et 1 jour. Ce qui a fait qu’à ce dialogue de la Cité de l’Union africaine, Corneille Nangaa estima que la date de l’élection présidentielle retenue au mois d’avril 2018 était réalisable.
En considérant que l’opération de révision du fichier électoral avait débuté le 31 juillet 2016, le simple calcul démontre que cette opération est à 14 mois et demi. L’étape des Kasaï qui a commencé début septembre et prend trois mois, doit en principe se clôturer au plus tard fin décembre 2017. Ce qui corrobore la date d’avril 2018 arrêtée pour l’élection par l’Accord du 18 octobre de la Cité de l’Union africaine.
Mais pourquoi encore 504 jours pour organiser les élections ?
En saisissant la Cour Constitutionnelle, en septembre 2016, pour solliciter le report de la convocation de l’électorat pour le scrutin présidentiel ou en réclamant 16 mois pour l’opération d’enrôlement, Corneille Nangaa ne savait-il pas que les jours courent aussi vite et qu’en vrai expert électoral, il devra faire un bon calcul ? Et puisque les opérations d’enrôlement sont presqu’à la fin avec plus de 42 millions d’électeurs enrôlés, à quoi serviront 504 jours (16 mois et 19 jours) qu’il sollicite, même s’il faut mettre là-dedans la révision de la loi électorale et la loi sur la répartition des sièges ?
En sollicitant par deux fois un délai de 16 mois dans un même cycle pour repousser les élections, Corneille Nangaa apporte de l’eau au moulin de l’Opposition et de la société civile qui l’accusent d’être inféodé et de servir de bras séculier à la Majorité présidentielle qui tient mordicus maintenir éternellement Joseph Kabila au pouvoir. Mais avec l’allure que prennent la crise politique congolaise et la tension au pays, Corneille Nangaa risque de ne pas organiser ces élections.
Ginno Lungabu