Bien que dans tous ses discours d’après 2011 le président RDCongolais recommande le retrait progressif des forces de la Monusco, jamais il n’a commencé sans louer le travail des casques bleus dans son pays. Mais cette fois-ci à la tribune des Nations unies, samedi 23 septembre dernier, Joseph Kabila n’y a fait nullement allusion. Par contre, il a nargué l’Onu en déclarant ce qui suit : « il est clair que près de vingt ans après son déploiement, la force onusienne ne peut nourrir l’ambition de rester indéfiniment dans mon pays, ni d’y exercer son mandat avec le même format et sans tirer les leçons des faiblesses constatées. Ce qui nous importe et qui devrait être important aux yeux de tous ceux qui tiennent à la crédibilité de notre organisation, c’est l’efficacité effective de l’apport des troupes onusienne sur le terrain. Voilà pourquoi, depuis plusieurs années, nous exigeons le redimensionnement de la force de la Monusco au regard de missions devenues dynamiques et la réorientation des moyens ainsi dégagés vers la satisfaction de nos besoins de développement. En ce domaine, comme en d’autres, nous n’attendons pas transiger avec le respect dû à la souveraineté de la République Démocratique du Congo telle que garantie par la Charte de notre organisation ».
En effet, c’est à une Monusco budgétairement affaiblie qu’un Kabila orgueilleux qui cite onze fois dans un discours d’au moins quinze minutes « mon pays », s’attaque. La Mission de Nations unies au Congo est en difficulté, accusant un déficit budgétaire d’au moins 92 millions de dollars américains depuis les coupes d’argent décidées par l’administration Trump dans la cotisation des Etats-Unis aux Nations unies. Si certains pays jugent encore importante la présence de la Monusco, le grand donateur de l’Onu la qualifie de budgétivore et de moins efficace. La Monusco est actuellement dans le processus d’abolition des postes dans tous les départements. Militaires, policiers, staffs civils international et national sont concernés.
Leadership oscillant de la Monusco
Depuis le déploiement en 1999 de la Monuc qui a muté en Monusco, huit représentants spéciaux du secrétaire général de l’Onu se sont succédé : Moustapha Niassé, Kamel Morjane, Amos Namanga Ngongi, Willian Swing, Alan Doss, Roger Meece, martin Kobler et Maman Sidikou. Chacun d’eux a marqué son époque. Mais les mieux cotés jusque-là restent Wlliam Swing, Alan Doss et martin Kobler. Et les moins cotés sont Roger Meece et Maman Sidikou.
En effet, William Swing, en fin diplomate a, à la tête du CIAT, conduit en vrai Américain avec tact la transition de 1+4 puis les élections de 2006 et bien géré l’après cette élection agitée par la tension entre Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba. Quant à Alan Doss, bien que moins diplomate, il a su tenir tête dans son orgueil d’Anglais à Joseph Kabila en s’opposant sans porter des gants à ses actions qui ne cadraient pas avec la concrétisation de la démocratie. Son successeur Roger Meece a par contre manifesté une mollesse envers le régime de Kinshasa contraire à son profil d’Américain. Il s’était montré défaillant devant Joseph Kabila. Ainsi a commencé le déclin de la toute puissante mission onusienne dans le pays des Joseph. C’est sous son mandat que la célèbre radio onusienne Okapi a été brouillée. Il a fallu que Martin Kobler arrive pour sauver le bateau UN qui était au bord du chavirement. L’Allemand s’est comporté comme Swing et Doss mais avec mission spécifique de bouter dehors le M23, une rébellion « made in Rwanda » avec la complicité de certains dignitaires du régime de Kinshasa. Mais malheureusement, Maman Sidikou arrive, et c’est le retour de l’ère Meece. Il a amplifié l’attitude de Roger. En Africain, en tout cas, en vrai Africain, il a fait même des courbettes devant Joseph Kabila, la photo indicative est si éloquente. Et d’après certaines indiscrétions de la Présidence de la République, cela fait plus d’une année que Maman Sidikou ne rencontre pas le président Joseph Kabila. Le trouvant léger, ce dernier préfère qu’il traite avec ses services. Il serait le premier des représentants spéciaux du SG de l’Onu à être grondé par le patron de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), Kalev Mutond et l’ancien VPM de l’Intérieur, Evariste Boshab. Ce qui ne pouvait pas se faire du temps de « koko » Swing.
De l’avis de plusieurs analystes, l’africanisation du leadership de la Mission onusienne au Congo décidée par New-York en vue de laisser les Nègres régler leurs problèmes seuls, asphyxie la Monusco. Les Noirs, confient ces analystes à scooprdc.net, ne sont pas dignes de diriger. Voilà pourquoi Joseph Kabila se permet un discours arrogant sur la Monusco.
Agnalo Agnade