Un communiqué signé, vendredi 15 septembre par le vice-ministre des affaires étrangères, Aggée Matembo, annonce que les anciens passeports congolais semi-biométriques encore en circulation n’auront plus cours légal sur toute l’étendue de la RDC. Le communiqué précise que les détenteurs de ces passeports ne pourront plus être autorisés à franchir la frontière tant à l’entrée qu’à la sortie du territoire national. Pour ceux des Congolais se trouvant à l’extérieur du pays et qui y rentrent, ils verront leurs passeports retirés par les agents de la DGM au poste frontalier contre remise d’une photocopie qui leur permettra de solliciter le nouveau passeport biométrique.
Bien que le Ministère des affaires étrangères justifie et motive sa décision par l’impératif d’uniformiser l’identification des citoyens lié à des considérations sécuritaires, plusieurs observateurs voient dans cette mesure une vaste opération frisant l’arnaque du Gouvernement sur ses propres citoyens. Non sans raison, lors de l’annonce en octobre 2015 du lancement du nouveau passeport biométrique, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda avait déclaré ce qui suit : « l’implantation du nouveau système de personnalisation du passeport à puce se déroulerait de manière progressive à travers la RDC, afin d’être en mesure de délivrer à tous les requérants ce nouveau passeport à partir du 2 janvier 2016. Cependant, les détenteurs des anciens passeports vont les garder jusqu’à leur expiration avant de se procurer le nouveau modèle ».
Ceci étant, la logique serait, étant donné que la validité d’un passeport est de cinq ans, que seuls les passeports semi-biométriques délivrés le 16 octobre 2012, devraient être concernés par la mesure du Ministère des affaires étrangères et non pas ceux obtenus après la date précitées. Et que le dernier passeport semi-biométrique à expirer doit l’être en principe le 31 décembre 2020. Quand on compte le nombre des Congolais qui se sont procuré les passeports du 17 octobre 2012 au 31 décembre 2015, il y a de quoi qualifier sans détour cette décision de pure arnaque. D’autant plus que les accusations d’enrichissement illicite de certaines personnes à travers la fameuse firme chargée de les imprimer ont été publiées récemment par la presse. Quand on sait également que le Vice-premier ministre Léonard She Okitundu a imposé 10$ sur chaque passeport revenant à son ministère pour motiver le personnel, il y a certes doute de croire au motif de l’impératif d’uniformiser l’identification des citoyens lié à des considérations sécuritaires, tel qu’avancé dans le communiqué d’Aggée Matembo.
Préjudice pour les détenteurs de ces passeports semi-biométriques
D’après l’ancien vice-ministre des affaires étrangères, Yves Kisombe, qui a réagi sur Facebook, un passeport ne perd pas sa validité avant l’échéance qui y figure, d’autant plus que des visas en cours de validité peuvent s’y trouver. Le point de vue d’Yves Kisombe est celui de plusieurs analystes qui se posent la question de savoir ce que deviendront les visas encore en validité apposés sur ces passeports semi-biométriques ? Les chancelleries accepteront-elle cette démarche visiblement irréfléchie du Gouvernement congolais en vue de ne pas pénaliser les bénéficiaires des visas ? Ce à quoi Aggée Matembo devrait réfléchir avant de publier son communiqué.
Agnalo Agnade.