Forum sur la paix, la réconciliation et le développement : trois jours pour cicatriser les plaies à Kananga 

Le ministère de l’intérieur et sécurité organise du vendredi 15 au dimanche 17 septembre à Kananga, chef-lieu du Kasaï central, un forum sur la paix, la réconciliation et le développement dans l’espace kasaïen. D’après un communiqué rendu public et signé par Louis d’Or Balekelayi, conseiller en communication du VPM Emmanuel Shadary, les forces vices de cinq provinces du Grand Kasaï, notamment le Kasaï Oriental, le Kasaï, le Kasaï central, le Sankuru et la Lomami vont se retrouver dans ces assises. Ces entités ont été récemment affectées par le phénomène des milices Kamwina Nsapu. Selon les différents rapports de l’Onu et des ONG, depuis le début de ce phénomène en aout 2016, 1,3 million de personnes ont dû quitter les provinces du Kasaï, parmi lesquelles plus de 600.000 enfants. 52 fosses communes ont été localisées et 3.000 personnes auraient été tuées.

Un rapport de l’Institut Français des Relations Internationales (IFI) publié ce mois de septembre, intitulé « Du désordre comme art de gouverneur. La rébellion Kamwina Nsapu, un symbole du mal congolais », loin d’être un mouvement unifié, le phénomène Kamwina Nsapu s’est avéré être le catalyseur de revendications locales des chefs coutumiers qui trouvent leurs racines lointaines dans l’histoire de l’Etat minier du sud-Kasaï et leurs racines proches dans la gestion de pouvoirs coutumiers par le ministère de l’Intérieur. Sans vouloir remuer dans les plaies que le gouvernement a déjà pansées et tient à cicatriser, beaucoup d’analystes estiment que la solution au Kasaï est politique. Malgré son caractère « passe-partout », cette formule à l’intérêt de rappeler que, si les Kasaï sont des provinces oubliées et lointaines, elles n’en sont pas moins importantes dans le système du pouvoir congolais. Les Kasaï constituent un enjeu à la fois  politique et économique.  Si la paix et la réconciliation ne dépendent que de la seule volonté des communautés locales de se pardonner et de vouloir vivre ensemble, le développement du Grand Kasaï est par contre tributaire d’abord et avant tout de l’électrification de l’espace. Sans courant électrique, pas possible de booster ni le commerce ni l’industrie, moins encore l’agropastoral. Ainsi, le Forum doit en principe tabler sur les différents projets existants ayant trait à l’électrification des Kasaï.

L’on se rappelle que dans l’espace du Grand Kasaï, deux structures ont existé, à savoir la Conférence pour le Développement Economique et Social du Kasaï Occidental (CODESKO) et la Conférence pour le Développement du Kasaï Oriental (CODEKOR), dirigées respectivement par l’ancien PDG de la Regideso Gilbert Tshiongo Tshibinkubula wa Ntumba et l’ancien PAD de la Miba Jonas Munkamba. Ces deux structures avaient ambitionné solutionner le problème du courant électrique dans les Kasaï à travers les barrages Katende et Tshala. Mais c’était sans tenir compte du manque de volonté politique du régime Mobutu qui avait anéanti tous les efforts et démotivé les bonnes volontés kasaïennes. Ce projet est toujours d’actualité et exigerait au moins 280 millions de dollars pour sa matérialisation.

Un autre projet consistait à soutirer le courant du Barrage Inga à partir de la ville de Tshimbulu. Il est simplement à noter que les câbles qui transportent le courant d’Inga jusque dans l’espace katangais, passent par la ville de Kananga. Il suffisait selon les études de faisabilité à l’époque, de placer un grand et puissant transformateur à Tshimbulu pour pouvoir dispatcher le courant dans les deux Kasaï. Les couts étaient estimés à au moins 20 millions de dollars. Là aussi, le régime de Mobutu n’avait pas manifesté la volonté.

D’autres petites initiatives d’électrifier ne fût-ce que la ville de Kananga ont été entreprises. C’est notamment les microcentrales hydroélectriques flottantes sur les rivières Lulua et Tshibashi annoncées par le gouverneur Claudel-André Lubaya mais concrétisées par le gouverneur Trésor Kapuku. Il y a également cette centrale solaire récemment installée par le gouverneur Alex Kande. Mais toutes ces réalisations se sont avérées moins efficaces et inappropriées. Le problème du courant électrique reste entier et freine l’élan socioéconomique du Grand Kasaï. Si alors le régime de Joseph Kabila tient au développement de l’espace kasaïen, il n’a pas autre solution que de finaliser les travaux de construction déjà entrepris du Barrage Katende et réhabiliter et moderniser aussi le Barrage Tshala à Mbuji-Mayi.

Owandi   

  • Bendélé Ekweya té

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