La constitution, le 04 septembre dernier, par Félix Tshisekedi de son cabinet en vue de conduire le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (Rassop), ne cesse de susciter des réactions. Dans l’ensemble, elles sont majoritairement négatives. Celle que publie scooprdc.net émane de Maitre Patrick Kabeya, sympathisant et fervent militant du Rassopp. Il n’applaudit nullement le « ranger » à cause de la couleur tribale que reflète son cabinet. Ci-dessous, la réflexion de Me Patrick Kabeya
Avocat et observateur attentif de la vie politique en RDC, je suis sympathisant du Rassemblement de l’opposition depuis le début. Et j’ajoute une précision importante pour la compréhension des lecteurs : je suis originaire du Kasaï et fier de l’être.
Comme beaucoup, j’ai pris connaissance avec attention de la nomination, le 04 septembre dernier, des différents membres du cabinet de Monsieur Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi. Je tiens d’emblée à dire que j’ai pour ce dernier le plus profond respect. Le fils de feu Etienne Tshisekedi fait partie de ceux qui, avec d’autres, incarnent pour moi l’espoir du renouveau et de l’unité retrouvée du Congo, sans distinction d’origine provinciale pour tous ses fils et ses filles.
C’est pourquoi j’ai été, à l’instar de nombreux Congolais et en particulier de sympathisants du Rassemblement de l’opposition, déçu, voire choqué à la lecture des nominations de son cabinet. On y retrouve en effet exclusivement des Kasaïens. Du directeur de cabinet à l’agent de protocole, soit 12 postes pourvus au total, tous ou presque sont issus de la même province. Pour qui est censé incarner l’espoir d’un renouveau au niveau national, il y a de quoi être troublé. Et c’est un Kasaïen qui vous le dit !
Ne nommer que des personnalités de sa province d’origine est un réflexe grégaire qui rappelle les heures les plus sombres du tribalisme. Des pratiques dont on pouvait espérer qu’elles n’aient plus cours de la part d’un homme de la trempe de Felix Tshisekedi. Son alliance avec Moïse Katumbi a fait naître sur ce plan notamment beaucoup d’espoirs et laissé entrevoir un dépassement des intérêts provinciaux et tribaux – l’un étant issu du Kasaï, l’autre du Katanga, deux provinces longtemps opposées et qui semblaient enfin réconciliées.
Hélas, la modernité et le renouveau attendront. Ces nominations tribalistes, voire claniques, rappellent certaines pratiques rétrogrades que l’on reprochait déjà en son temps à feu son père, le Sphinx de Limete. Et force est de constater que ça n’est pas la première fois que Félix Tshisekedi semble faire prévaloir l’intérêt du Kasaï sur celui du Congo tout entier. Un exemple ? Dès qu’il forme une délégation pour le représenter, ça ou là, au titre de ses fonctions au sein du Rassemblement ou de l’UDPS, l’Honorable Félix Tshisekedi ne recourt qu’à des Kasaïens : qu’il s’agisse de François Mwamba, de l’Abbé Tshilumba, de Gilbert Kakonde ou encore de mon confrère Maître Peter Kazadi. Tous, sans exception, sont originaires du Kasaï.
J’espère sincèrement, M. Félix Tshisekedi, que vous vous ressaisirez. Car avant d’être Kasaïen, vous êtes Congolais ! Et compte tenu de vos éminentes responsabilités, vous avez un devoir d’exemplarité. En effet, au Congo, une seule appartenance doit primer : l’appartenance à la Nation congolaise. Surtout à l’heure où notre pays doit se rassembler pour mener le seul combat qui vaille : celui qui doit aboutir au plus vite au départ de Joseph Kabila et à l’organisation de l’élection présidentielle.
C’est là la condition sine qua non de l’émergence d’un Congo nouveau dans lequel tous les citoyens seront également considérés, sans distinction d’origine provinciale ou tribale…
Que vive le Rassopp, que vive le combat pour le droit et la démocratie, que vive la République Démocratique du Congo !
Maître Patrick Kabeya
Sympathisant et fervent militant du Rassopp