A première vue, on croyait naïvement qu’il s’était agi d’une réunion tripartite Gouvernement-Cnsa-Ceni qui s’est tenue au chef-lieu de la province du Kasai central du 28 au 31 août pour évaluer le processus électoral en RDC. Mais à voir les trois signatures apposées sur le communiqué final de ces assises, on se rend vite compte qu’il s’est agi véritablement d’une réunion du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD). Non sans raison, Emmanuel Shadary qui appose sa signature, bien qu’étant vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité, donc membre du gouvernement, est jusqu’à preuve du contraire secrétaire national adjoint du PPRD. Adolphe Lumanu qui signe pour le compte du Conseil National de Suivi de l’Accord (CNSA) comme vice-président, est aussi cadre influent de ce même parti politique. Tandis que Corneille Naanga qui signe en tant que président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), bien que présenté comme personnalité de la société civile, est l’acolyte ou le pion de monseigneur Marini Bodho, père spirituel de l’autorité morale du PPRD et de la MP.
Communiqué laconique…
Trois pages contiennent le communiqué final du trio Shadary-Lumanu-Naanga. Mais un communiqué qui se contredit en relevant le caractère souverain du processus électoral, garantissant l’engagement du gouvernement de s’acquitter de ses obligations financières et logistiques, en dépit de la conjoncture difficile du moment, mais qui demande en même temps à la communauté internationale à soutenir financièrement le même processus, notamment à travers le basket-funds du projet d’appui au cycle électoral congolais (PACEC). La Monusco sur qui Naanga a craché lorsqu’elle lui demande de publier le calendrier électoral, est aussi priée de soutenir substantiellement le processus électoral congolais, particulièrement sous le volet technique, logistique et sécuritaire. Drôle de souveraineté… Mais ce que l’on peut retenir de cette réunion de Kananga, ce que la Ceni s’engage à publier incessamment pour ne pas dire bientôt, un calendrier électoral réaliste. Promesse ni moins, ni plus ambiguë.
Ginno Lungabu