Manifeste « Esili » : encore un chapelet de bonnes intentions ?

Sous l’organisation de l’Institut pour la Démocratie, la Gouvernance, la Paix et le Développement en Afrique, une quarantaine d’acteurs Rdcongolais des mouvements citoyens, ONG des droits de l’homme, journalistes engagés, la Diaspora et quelques experts de la Conférence Nationale Episcopale du Congo (CENCO) se sont retrouvés à Chantilly, en France, du 15 au 17 août dernier dans une sorte de retraite avec comme thème : « mobilisation citoyenne pour un retour à l’ordre constitutionnel ». Ils ont à l’issue de cette rencontre adopté est signé le 18 août le « Manifeste du Citoyen Congolais ESILI ». C’est un document qui réclame le départ du président Joseph Kabila après le 31 décembre prochain et prévoit la mise en place d’une période de transition citoyenne.

Dans ce document, les « Chantillistes » appellent le peuple congolais à user de son devoir sacré de faire échec, avec des moyens pacifiques et non-violents, à la tentative du Président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà du 31 décembre 2017 en application de l’article 64 de la Constitution. Ils recommandent une transition citoyenne dont les animateurs seront désignés à la suite d’une concertation nationale ayant mission principale d’organiser des élections crédibles, transparentes, ouvertes et libres et qui n’en seront pas candidats ;

Le reste du document c’est des revendications déjà entendues : libération immédiate des prisonniers politiques et d’opinion, réouverture des médias fermés, interpellation des forces de l’ordre à l’apolitisme…

Cette rencontre en dehors de la RDC visant à faire partir le président Joseph Kabila du pouvoir n’est pas la première du genre. Il y a eu Île de Gorée, au Sénégal et Genval, en Belgique. Mais les résultats réalisés par toutes ces rencontres ont laissé perplexe le peuple congolais. Soit c’est un ralliement au pouvoir qui s’en est suivi, soit ce sont les intérêts égoïstes qui ont primé ou c’est la recherche du positionnement. Il en est de même avec tous ces mouvements dits citoyens qui poussent comme des champignons et reflètent du vrai et du faux.

s’agissant de l’île de Gorée, opposants, mouvements citoyens et société civile s’y sont retrouvés du 12 au 15 décembre 2015. De là est né le Front Citoyen 2016 piloté par Floribert Anzuluni. Ce dernier s’était brouillé avec le journaliste engagé Mike Mukebayi à cause du revirement de Vital Kamerhe avant le dialogue de la Cité de l’Union Africaine. Anzuluni avait pris fait et cause pour le président national de l’UNC, membre du Front accusé par Mike Mukebayi de traître pour avoir renoué ses anciens amours avec Joseph Kabila. Le journaliste n’avait pas hésité à démissionner du Front Citoyen 2016 qu’il coordonnait avec Jean-Claude Katende à Kinshasa. Le professeur Tshibangu Kalala qui avait adhéré devant caméras des journalistes à ce Front au siège de l’Asadho, après son départ de la Majorité présidentielle juste à sa sortie de la prison, est actuellement le ministre près le premier ministre Bruno Tshibala et ne peut jamais critiquer le régime Kabila. c’est ainsi que le Front Citoyen s’est fondu à la manière d’un bloc de glace sans faire partir Joseph Kabila en décembre 2016. Outre le professeur Tshibangu Kalala, certains « Goristes » comme José Makila sont au gouvernement et composent avec Joseph Kabila qu’ils ont chargé hier de tous les péchés d’Israël.

Quant à Genval, c’est encore et toujours les opposants, la société civile et les mouvements citoyens qui se rencontrent chez le colonisateur belge avec l’objectif de ne pas laisser le mandat de Joseph Kabila aller au-delà de décembre 2016. Résultat : bicéphalisme du Rassemblement de l’opposition avec l’aile Félix Tshisekedi et l’aile Joseph Olenghankoy ; débauchage des opposants au gouvernement ; éloignement des élections…

De même pour les mouvements citoyens. Si la Nouvelle Génération pour l’Emergence du Congo (NOGEC) de Constant Mutamba a changé publiquement casaque et ne pourrait combattre pour le respect de la Constitution en ce qui concerne l’organisation des élections parce que récompensé avec un poste d’administrateur au conseil d’administration d’une entreprise publique, les autres comme la Lucha, Filimbi sont menacés de scission. La puissance de Mamoon fait fléchir beaucoup de ces jeunes.

Ce qui fait que beaucoup d’analystes de la classe politique congolaise ne donnent pas assez de chance au Manifeste Esili que viennent de signer les Congolais hostiles au Régime Kabila en France. Si à Genval c’est l’odeur des dollars de Moise Katumbi qui a beaucoup attiré, à Chantilly c’est celle des dollars du jeune Sindika Dokolo qui fait parler de lui depuis un certain temps. Ces odeurs alléchantes des billets verts font mouches. C’est sans oublier aussi celle des billets de Joseph Kabila. Ainsi manger à tous les râteliers rapporte à tous ces groupuscules au détriment de l’ensemble du peuple congolais qui lui sert souvent de marches-pieds.

Ginno Lungabu

  • Bendélé Ekweya té

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