Le gouverneur de province du Haut-Katanga déchu par l’Assemblée provinciale et réhabilité par la Cour constitutionnelle, est loin de désarmer et abandonner son combat de légalité contre son propre parti, le PPRD, et sa propre famille politique, la MP. En date du 14 aout dernier, Jean-Claude Kazembe a adressé une correspondance de cinq pages au président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), sollicitant l’annulation de l’élection du gouverneur et vice-gouverneur dans la province du Haut-Katanga.
D’emblée, Jean-Claude Kazembe signifie à corneille Naanga qu’il lui adresse cette correspondance en sa qualité du président d’une institution prestigieuse d’appui à la démocratie du pays, dotée d’une indépendance à l’égard des autres institutions de la République, afin d’assurer la régularité de l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes en toute neutralité et impartialité en vue de la consolidation d’un Etat de droit. Pour cette première raison qui fonde sa correspondance, Jean-Claude Kazembe rappelle à Corneille Naanga que faillir à cette mission, c’est contribuer à l’instabilité institutionnelle susceptible d’amener le chao dans le pays. Et de prévenir Naanga : là, les conséquences de l’injustice que vous aurez occasionnée ou cautionnée retomberont sur vous, le jour du Seigneur.
Jean-Claude Kazembe dit s’adresser également à Corneille Naanga étant qu’homme de Dieu et citoyen choisi parmi les personnalités indépendantes reconnues pour leur compétence, intégrité morale, probité morale, honnêteté intellectuelle et approuvée. Pour cette deuxième raison, il prévient également Naanga : c’est tout à votre honneur, quitte à ne pas démériter ou trahir la confiance de tout un peuple.
Jean-Claude ne s’adresse pas à Corneille Naanga tout simplement en bon moralisateur, il dispose des cartouches de retour à la légalité. Les articles 29, 30, 31 de la loi organique portant organisation et fonctionnement de la CENI. Le premier stipule que : « la CENI peut se saisir de toute question relevant de sa compétence et en délibérer. Elle peut être saisie de toute violation des dispositions législatives et règlementaires régissant des élections et/ou un referendum par les autorités politico-administratives, les partis politiques en compétition, les candidats, les électeurs, les observateurs et les témoins. Elle est saisie en la personne de son président ou de son délégué. Dans ce cas, la requête est formulée par écrit, datée et signée par une personne ayant qualité à agir. Elle doit, sous peine d’irrecevabilité, énoncer clairement et avec précision les griefs articulés ».
Le deuxième article évoqué par Jean-Claude Kazembe dit que la Ceni peut, sur une question bien déterminée, entendre toute personne dont elle juge l’avis utile à l’accomplissement de sa mission. Enfin l’article 31 également évoqué stipule que « dans l’accomplissement de sa mission, la CENI a accès aux médias publics et peut recourir à toutes les sources d’information. Les cadres de l’administration centrale et les cadres politico-administratifs des provinces et des entités territoriales décentralisées sont tenus de lui fournir tous les renseignements et de lui communiquer tous les documents dont elle peut avoir besoin ».
Fort de cet arsenal juridique, Jean-Claude Kazembe attaque la décision du Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la sécurité enjoignant la CENI d’organiser l’élection du gouverneur et vice-gouverneur dans le Haut-Katanga. Il rappelle à Naanga que le poste du gouverneur dans cette province n’était et n’est pas vacant. Il lui bandit l’arrêt de la Cour constitutionnelle R.const 469 du 21/04/2017 et RH 406/CC du 09 juin 2017, le réhabilitant avec son gouvernement. Il rappelle à Corneille Naanga l’article 168 de la Constitution : « les arrêts de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours et sont immédiatement exécutoires. Ils sont obligatoires et s’imposent aux pouvoirs publics, à toutes les autorités administratives et juridictionnelles, civiles et militaires ainsi qu’aux particuliers. Tout acte déclaré non conforme à la Constitution est nul de plein droit ».
Mon vœu ardent, écrit Kazembe à Naanga, est que la CENI respecte les arrêts de la Cour constitutionnelle comme elle le fait de manière automatique avec les arrêts des Cours d’appel.
D’où Jean-Claude Kazembe tire-t-il sa force de résistance face au PPRD et la MP ?
Des sources de la Présidence de la République, scooprdc.net apprend que dans ce bras de fer entre le gouverneur et ballotage et sa famille politique, le président Joseph Kabila les aurait renvoyés dos-à-dos. D’après ces sources, lorsqu’Aubin Minaku, en sa qualité de secrétaire général de la Majorité présidentielle est allé voir l’autorité morale pour lui signifier du retrait de la confiance en ce gouverneur, Joseph Kabila aurait répondu : « je le connaissez pas. C’est vous qui me l’avez amené et l’avez fermement soutenu. Maintenant il devient mauvais ! Allez régler vos problèmes vous-même ». Fort de ce qui lui a paru comme feu vert, Aubin Minaku avec le bureau politique de la MP convoque Jean-Claude Kazembe pour le forcer à démissionner, arguant que l’ordre venait du Raïs. Jean-Claude Kazembe ne refuse pas de s’exécuter mais demande qu’il vérifie si cet ordre venait de l’autorité Morale. Il sort de la salle et fait un texto au président Joseph Kabila en ces termes : « la bande de ces voleurs veulent que je démissionne. Tout ça parce que j’ai refusé l’opération retour qu’ils m’ont imposée ». Le président Joseph Kabila aurait transféré ce message à Aubin Minaku qui avec bureau politique de la MP, attendait Jean-Claude Kazembe pour déposer sa démission. Aubin Minaku l’interpelle pour lui montrer son message qu’il venait d’envoyer au Président de la République. « Voyez-vous, que le Raïs nous fait confiance », ne vante le SG de la MP. « Dans ce cas, j’attends alors qu’il me réponde lui-même, qu’il me dise si je dois démissionner ou pas. Merci de m’avoir confirmé qu’il a reçu mon texto ». Il sort de la salle et s’en va. Depuis lors, c’est une guerre ouverte et Jean-Claude Kazembe ne veut plus lâcher. Et le silence de Joseph Kabila dans ce dossier le ragaillardirait.
Agnalo Agnade