Les « Kamuina Nsapu » à Kinshasa : gare à l’ « Iscariotisme » !

Deux mille à dix mille dollars américains comme prime à quiconque dénoncerait la cache des miliciens Kamuina Nsapu dans la ville de Kinshasa, telle est la prime que la Police nationale congolaise a annoncée vendredi 28 juillet 2017. C’était au cours de la cérémonie de présentation, au Commissariat général de la Police, de quinze personnes présentées comme faisant partie de la branche kinoise des miliciens Kamuina Nsapu. Ces personnes, selon l’accusation de la Police, ont participé à quatre attaques que la ville de Kinshasa a connue en l’espace de deux mois et ayant ciblé la prison centrale de Makala, le parquet de Matete, la maison commune de Kalamu et le marché central à la Gombe. Deux à dix mille dollars, la prime est alléchante, très alléchante et beaucoup trop alléchante pour le commun de Kinois qui vit journellement avec moins de 1,25 dollars américains, d’après le rapport 2015 des objectifs du millénaire pour le développement ! La pauvreté et l’avidité mais aussi l’esprit de règlement des comptes, risquent, craignent les observateurs avisés,  de développer un comportement à la Judas Iscariote chez beaucoup de Kinois.

Un vrai-faux montage contre l’UDPS de Félix Tshisekedi ?

Les quinze personnes présentées, selon la Police, ont été recrutées au siège de l’UDPS parmi les combattants et le sieur Tshimanga Ben Tshimanga est le cerveau moteur du groupe…, la majorité est kasaienne… Un beau récit pour être vrai du Colonel Muanamputu, porte-parole de la Police. Mais seulement le coup d’œil curieux de tout observateur sur ces « kamuina nsapu kinois » susciterait un étonnement. Comme des bourgeois gentilshommes, ces assaillants sont amenés de leur lieu de détention au Commissariat dans un bus blanc pimpant neuf de la Présidence de la République et y descendent sans être menottés, contrairement à toutes les pratiques de la Police nationale congolaises. Fait curieux encore, ils sont coiffés et bien rasés, eux qui ont passé beaucoup de jours dans les geôles de l’ANR ! Vive l’humanisme des services de sécurité… c’est une première en République Démocratique du Congo.

Ce qui est vrai, d’après plusieurs recoupements faits par scooprdc.net, le premier ministre Bruno Tshibala serait le maitre monteur de ce scenario. Pire ennemi est votre ancien ami, dit-on. L’ancien porte-parole et secrétaire adjoint général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) serait déterminé à déstabiliser son ancien parti qu’il l’a vomi de suite de son ralliement à la Kabilie. Bruno Tshibala, selon une confidence à scooprdc.net, n’est pas allé recruter loin pour son entreprise. Il a fait recours à ses collaborateurs au sein de l’UDPS. Le sieur Mazarin parmi les personnes présentées à la Police, est son très proche collaborateur. Notre source confirme que c’est lui et sa gang que Bruno Tshibala avait utilisés pour tabasser l’ancien secrétaire général Bruno Mavungu lorsque ce dernier avait eu des pépins avec le parti.

L’argent faisant bonne affaire, Mazarin, Tshimanga Ben Tshimanga et consort sont utilisés dans cette scène de déstabilisation de l’UDPS. Mais ce que l’on oublie est qu’après l’attaque de la Prison de Makala, le ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba avait déclaré que celle-ci était l’œuvre des adaptes de Bundu dia Mayala du député national Ne Muanda Nsemi, venus libérer leur leader. Version qui d’ailleurs a été répété lors de l’attaque de parquet de Matete et n’a jamais été changé jusqu’à ce jour. Mais aussi, les proches de la défunte administratrice du Grand marché tuée crapuleusement, ne croient jamais à cette version des miliciens de Kamuina Nsapu. Son assassinat, soutient sa famille, a été commandité par une  personne proche de la famille présidentielle à qui elle avait refusé de céder une partie du marché, pour le compte d’un asiatique, afin que soit érigé des magasins. Le péché de la pauvre Chantal Mboyo serait d’avoir déclaré : « Tokabi mingi epa ya bapaya. Oyo etikali eza ya bana mboka. (Traduction : nous avons beaucoup octroyé aux étrangers. Ce qui reste, c’est pour les Congolais).  C’est qui l’étranger : est-ce la personne proche du président de la République qui lui avait fait la demande ou l’asiatique qui devait construire ? Mais, d’après la source de scooprdc.net, le proche du président de la République aurait pensé que la défunte Chantal Mboyo parlait de lui. Et c’est lui qui serait le commanditaire de son assassinat perpétré par des militaires déguisés.

L’histoire se répète-t-elle ?

Lorsqu’à l’époque le régime au pouvoir était décidé à déstabiliser  l’opposant Eugène Diomi Ndongala, la Police avait procéder à l’arrestation cette fois-là encore d’une dizaine de personnes parmi lesquelles le journaliste Verdict Mituntwa, son attaché de presse. Elles avaient été présentées publiquement le 11 avril 2013 comme une bande de criminels voulant attenter à la vie du président de la République Joseph Kabila et à celle-ci du premier ministre Augustin Matata Ponyo. Selon la Police,  le journaliste Verdict Mituntwa proche de Diomi Ndongala, comme c’est le cas maintenant avec Tshimanga Ben Tshimanga, avait été chargé de recruter pour ce mouvement insurrectionnel créé pour liquider physiquement Joseph Kabila et Matata Ponyo. Toujours selon la Police, ce journaliste avait cité Diomi Ndongala comme organisateur et financier de la bande. Et comme matériels d’opération, la police n’avait brandi qu’une machette, quelques bouteilles vides de bière et de boisson sucrée, un peu d’essence dans trois bouteilles d’eau vive. Qui donc Tshimanga Ben Tshimanga va citer comme commanditaire ? C’est ici la crainte des observateurs avisés de voir que régénère en RDC le travail combien néfaste de Judas Iscariote, il y a plus de deux mille ans !

Le pauvre journaliste innocent et sa bande avaient croupi à la Prison centrale de Makala plus d’une année pour se voir être libérés, sans jugement.

L’histoire se répétant, plusieurs observateurs estiment que la Police devait éviter de se discréditer avec des tels montages cousus du fil blanc sur un tissu noir.

Ginno Lungabu

  • Bendélé Ekweya té

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