Un fantassin à la tête de la Police nationale congolaise : y-a-t-il anguille sous roche dans la Kabilie ? 

L’étendard de la Police nationale congolaise est désormais sur les épaules du Lieutenant-général Dieudonné Amuli Bahigwa. Cet ancien numéro 2 des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) chargé des opérations et des renseignements, a tronqué sa tenue militaire à celle de la police sur décision du chef de l’Etat, Joseph Kabila, commandant suprême des armées et de la police nationale.

Présenté officiellement aux troupes mercredi 19 juillet dernier, cet officier général de renommée, a reçu des nouvelles instructions et directives du vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur Emmanuel Shadary Ramazani quant à la sécurisation de la population et de ses biens.

En effet, ses prérogatives régaliennes, lui sont dévolues par la loi organique nº13/013 du 1e Juin 2013 portant organisation  et fonctionnement de la Police nationale congolaise.

Cependant, d’après l’exposé du motif de cette loi, la Police nationale est un service public, civil, républicain et professionnel.  Mais qu’est-ce qui justifierait la nomination de « Pangolin »,  totem de ce fantassin qui a fait preuve pendant la guerre de 80 jours au Katanga, avant de devenir plus tard un pion majeur dans la sécurité de feu maréchal Mobutu pour avoir commandé le bataillon DSP déployé à Gbadolite vers la fin des années 80 et début 90,  mais aussi l’escadron qui a assuré la sécurité de l’aéroport de N’djili le 16 mai 1997 quand décollait l’avion du maréchal MOBUTU ? Une chose, des deux !

L’ultime recours pour sauver le pouvoir haletant ! 

L’histoire se répétant curieusement en RDC, c’est encore et peut-être sur cet homme Dieudonné Amuli, aujourd’hui lieutenant-général, que le pouvoir tente de repousser à plus tard ce qui pouvait se faire dans un avenir très proche, peut-être…

En avril 1997, l’AFDL s’approche dangereusement de Kinshasa. A Kenge, localité dans le Bandundu, située à plus de 200 Km de la capitale, ce qui pourrait être considéré comme le dernier rempart du pouvoir de Mobutu, la Division Spécial Présidentielle (DSP) livra une héroïque et ultime bataille pour stopper l’avancée des « Kadogos ». Pendant ce temps, à l’entrée de la capitale, un verrou de blindés quadrillait la capitale sous le commandement du Colonel Dieudonné Amuli Bahigwa. C’est sur lui que comptait le pouvoir d’antan, c’est encore sur lui que le pouvoir d’aujourd’hui tente de maintenir l’ordre dans la ville.

En effet, Kinshasa est théâtre des attaques, quatre en deux mois, perpétrées par des hommes armés non autrement identifiés. Est-ce des signes précurseurs d’une attaque en gestation de grande envergure dans la capitale ? Nul ne le souhaite, mais la faiblesse de l’Etat, des services de sécurité et des renseignements est mise à nue.

Se rabattre finalement sur le chargé des opérations et des renseignements à l’Etat-major des Forces armées de la République pour tenter de redonner espoir au peuple, s’est avéré un recours salvateur pour le pouvoir.

N’est-ce pas finalement la militarisation de la Police ?            

Quitter l’armée pour la police, tous porte à croire que le nouveau patron n’y va pas avec une gibecière vide. Il lui faut des hommes, ses hommes de confiance. Déjà en 1998 lorsqu’il intègre l’Armée de Libération du Congo, la branche armée du Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, un mouvement rebelle qui a œuvré dans la partie Nord de la RDC, le colonel Amuli avait pris soin de récupérer ses anciens militaires de la DSP. Des gardes de corps qu’il a gardé à ses côtés jusque dans les FARDC. L’un d’entre eux surnommé « Vie Mabe » a toujours et souvent été à ses côtés presque partout où il passait.  Ce qui qui pousse certains observateurs à croire que, certainement un nombre important de militaires avisés dans le renseignement et dans l’opération militaire basculera dans la police. Pourtant, la police, d’après la loi est civile. Ce qui fait encore croire à ces mêmes observateurs que le président Joseph Kabila va là à l’encontre de la réforme de la Police entamée depuis quelques années et qui implique au moins neuf partenaires financiers et techniques, entre autres l’Union Européenne.

Que cache alors la Kabilie quand on sait que la situation politique du pays ces derniers jours n’augure pas des lendemains sereins ? Les yeux des Congolais sont grandement ouverts jour et nuit tant que leur inquiétude persiste.

JYMAM

  • Bendélé Ekweya té

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