Au moins quatre attaques des symboles de l’Etat sont perpétrées en l’espace de deux mois dans la capitale par des hommes non formellement identifiées. Ces attaques causent mort d’hommes et des dégâts matériels importants. Plusieurs fois, la Police Nationale les attribue à des bandits. Mais certains observateurs ne vont pas par quatre chemins pour les qualifier de « terrorisme urbain » qui prend corps dans la ville de Kinshasa à l’instar de Shebab. Non seulement que ces attaques se déplacent d’une commune à une autre, mais elles ont comme cibles principales les symboles de l’Etat. Elles ont commencé par la commune de Selembao, en passant par les communes de Matete et Kalamu pour atteindre finalement la Gombe, centre des grandes institutions étatiques.
Tenez, la première attaque est perpétrée le 17 mai dernier sur la prison centrale de Makala. Elle a causé, d’après le gouvernement congolais, la mort d’une dizaine de personnes dont quatre policiers. Mais ce bilan de personnes tuées est largement revu à la hausse par les organisations des droits de l’homme qui estiment qu’il y a eu une centaine de morts. Et aussi des dégâts matériels très importants (bureaux de la prison incendiés, de même que les véhicules des particuliers qui profitent de la sécurité du poste de la police à l’entrée de cette prison de Makala). Au moins trois mille prisonniers se sont évadés à l’occasion.
Pour cette attaque de la Prison centrale de Makala, le ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, indexe les adeptes de Bundu dia Mayala du député national Ne Muanda Nsemi. Accusation vite rejetée par Me Fula Matingu, secrétaire général du parti politique de Muanda Nsemi. Selon lui, BDM n’a pas une armée pour mener une telle opération dans une prison très sécurisée.
Le samedi 10 juin, deux attaques sont dirigées simultanément contre le Parquet de Grande Instance de Matete et le Bureau de la police du District de Mont-Amba. Bilan : 2 personnes sont sauvagement tuées dont une policière ; 17 détenus s’évadent et des bâtiments et des véhicules sont incendiés. Les assaillants ne sont pas formellement identifiés.
Le 29 juin, le Commissariat de la Police nationale congolaise situé près de la Maison communale de Kalamu est aussi attaqué par des hommes armés dont l’identité n’est pas toujours connue. Là, des policiers sont blessés et l’un d’eux, garde du corps du bourgmestre, succombe de ses blessures. Des véhicules sont aussi incendiés.
Le 14 juillet, c’est le Marché central en plein centre de la Gombe qui est attaqué par ces hommes toujours non identifiés. L’administrateur de ce marché et son garde du corps sont tués crapuleusement. Les assaillants se retirent comme dans les autres cas sans inquiétudes.
D’après l’analyse de plusieurs observateurs, les responsables de la Police nationale congolaise doivent cesser de parler de « bandits ». Il s’agit selon eux, ni plus ni moins des « terroristes » à l’instar des Shebab. Non sans raison, depuis leurs attaques, ces assaillants ne s’attaquent qu’aux symboles de l’Etat. Ils tuent crapuleusement sans aucune raison ou revendication exprimée. Et dans tout ça c’est beaucoup de familles des policiers qui sont malheureusement rendues orphelines. Et à l’allure où va cette situation d’insécurité, on s’en doute que ces personnes « difficilement » identifiables par les services de sécurité, frappent prochainement les bureaux d’enrôlement des électeurs, certains ministères ou institutions étatiques du fait qu’ils ont déjà pénétré la commune de la Gombe.
Georges Ilunga