Lorsque l’opposition politique et la société civile dénonçaient et continuent à décrier l’inféodation et la subordination de la Cour Constitutionnelle à la Majorité présidentielle, celle-ci qualifiait et qualifie toujours de déraisonnement ces multiples dénonciations des adversaires. Mais aujourd’hui, non seulement que le fait l’atteste sans ambages, mais surtout que la Majorité présidentielle au travers son vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur vient d’administrer une véritable fessée à cette Cour Constitutionnelle. Elle l’a tout simplement humiliée en foulant aux pieds ses décisions pourtant irrévocables et opposables à tous.
Tenez, parmi les gouverneurs et vice-gouverneurs « démis » par le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, il y en a qui, après avoir été déchus par leurs assemblées provinciales respectives, ont été réhabilités dans leurs fonctions par la Cour Constitutionnelle. C’est notamment Cyprin Lomboto et Jean-Claude Kazembe, respectivement gouverneurs de la Tshuapa et du Haut-Katanga, et Jeanine Intongi, vice-gouverneur de l’Equateur. D’autres comme Célestin Mbuyu, gouverneur du Haut-Lomami, sont devant cette Cour Constitutionnelle pour la résolution de leurs différends avec les assemblées provinciales. Mais sans même tenir compte du caractère irrévocable et d’opposabilité à tous des décisions de la Cour Constitutionnelle, la Majorité présidentielle s’en est foutue en démettant d’une façon inconstitutionnelle ces gouverneurs pour organiser l’élection de leur remplacement.
Que vaut encore la Cour Constitutionnelle ?
Selon plusieurs analystes, la Cour constitutionnelle paie de ses propres turpitudes. Elle a bien voulu servir des béquilles au régime au lieu d’être gendarme. Elle a cautionné l’indéfendable à cause des dividendes financiers et de la sauvegarde des postes. Elle s’est positionnée elle-même au garde-à-vous vis-à-vis du gouvernement et pourtant elle jouit d’une grande indépendance constitutionnelle. Voilà qu’elle reçoit maintenant une douche froide ! Moralité : elle doit soit prouver l’irrévocabilité de ses décisions, non seulement en cassant et en annulant le calendrier publié par la Ceni pour l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs jouissant de ses décisions, mais également interpeller le vice-premier ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadari et même le traduire en justice. A défaut, tous les membres de la Cour Constitutionnelle n’ont qu’à démissionner. C’est le sens de l’honneur.
Agnalo Agnade