Chaque seconde, chaque minute, chaque heure et chaque jour qui passent sont favorables pour la Majorité présidentielle qui tient sans doute à pérenniser son autorité morale à la tête du pays. Et tous les moyens sont bons pourvu que l’objectif soit atteint. C’est le jeu que joue, peut-être sans le savoir, le très apprécié député Henri-Thomas Lokondo, considéré comme opposant dans cette Majorité présidentielle. En effet, l’élu de Mbandaka a exigé le premier ministre Bruno Tshibala de démissionner dans 72 heures, faute de quoi il transformerait sa question orale avec débat en une motion de censure pour faire tomber le gouvernement. Le péché de Brutshi c’est d’avoir déposé le projet de budget 2018 en retard qui, selon le député Lokondo, est une violation intentionnelle de la constitution et des lois de la république.
Malgré que le premier ministre se soit expliqué sur les raisons du dépôt tardif de cette loi financière, notamment par le fait qu’investi seulement en mai dernier, son gouvernement qui s’est attelé à élaborer le budget 2017, n’a pas eu suffisamment le temps pour élaborer celui de 2018. Une raison qui n’a pas convaincu la plupart des députés nationaux, y compris Henri-Thomas Lokondo, l’auteur de la question orale avec débat à la plénière d’hier mercredi 22 novembre. Mais d’après des observateurs lucides, cette démarche de démettre le gouvernement Tshibala risque réellement de retarder les élections générales prévues en 2018.
Non sans raison, vouloir faire tomber par le temps qui court le gouvernement Tshibala issu de l’Accord de la Saint Sylvestre impliquerait non seulement des nouvelles négociations avec l’opposition, mais également des nouveaux équilibres politiques qui, généralement prennent suffisamment du temps. La composition de ce gouvernement, son investiture et la présentation par lui du budget impacteront négativement sur le processus électoral déjà bien parti avec la publication du calendrier électoral par la Centrale électorale.
Jurisprudence oblige…
Si le retard pris dans la confection de la loi budgétaire 2018 est dû, selon certaines indiscrétions de la Primature, par l’assurance d’avoir réellement des moyens pour financer le processus électoral que voulait le gouvernement Tshibala, il y a lieu de noter que ce n’est pas pour la première fois que pareil retard est constaté. D’Antoine Gizenga en passant par Adolphe Muzito jusqu’à Augustin Matata Ponyo, aucun parmi eux n’a déposé son budget dans le strict délai légal. Cela n’a jamais fait l’objet d’une sanction. Pourquoi vouloir alors le faire pour Tshibala ? S’agit-il de la leçon des « animaux malades de la peste » de Jean de la Fontaine ?
Loin de penser au souci de vouloir faire respecter de la Constitution, d’ailleurs qui est constamment violée par la Majorité présidentielle, les analystes voient plutôt une démarche pas très catholique des animateurs de la MP qui viserait tout simplement à gagner du temps pour rester au pouvoir. Ils estiment que la jurisprudence doit être équitable aussi pour Bruno Tshibala, autant qu’Antoine Gizenga, Adolphe Muzito et Augustin Matata l’on bénéficié. Sinon, procéder autrement serait ni moins ni plus la politique de « qui veut noyer son chien,… », Tshibala étant devenu visiblement encombrant.
Agnalo Agnade.